Photo : S. Zoheir Par Samira Imadalou La problématique de l'augmentation des tarifs d'électricité a été remise sur le tapis cette semaine. Le P-DG de Sonelgaz, Nourredine Bouterfa, est revenu sur ce dossier sensible la semaine dernière, indiquant que le gel des tarifs constitue un blocage pour l'entreprise qui a lancé pour cette année un programme d'investissements de 3,3 milliards de dollars (241 milliards de dinars). Un programme qui intervient dans une période où le groupe traverse des difficultés financières qui remontent à quelques années. En dépit de cette situation contraignante, le niveau d'investissement pour 2010 n'a pas changé par rapport à celui de 2009. Encore une fois, Sonelgaz a eu recours aux crédits bancaires pour concrétiser ses projets. En effet, sur les 241 milliards de dinars d'investissements prévus, 70% seront financés par crédits bancaires, 20% par l'Etat et 9% par les clients. La participation de ces derniers à la concrétisation des projets de Sonelgaz reste donc faible, comme l'a souligné M. Bouterfa qui a saisi cette occasion pour rappeler indirectement la nécessité d'augmenter les tarifs d'électricité. Une question sur laquelle Sonelgaz a saisi le gouvernement qui a demandé, pour sa part, à la commission de régulation de l'électricité et du gaz d'en étudier la faisabilité. Mais, jusqu'à présent, ce n'est pas tranché. Parallèlement, la demande de Sonelgaz devient de plus en plus pressante eu égard au manque de ressources propres. Un manque qui menace sérieusement la viabilité de l'entreprise. Lors de l'audition consacrée au secteur de l'énergie au début du mois de Ramadhan, le chef de l'Etat a évoqué cette viabilité. Il dira à ce sujet : «La sauvegarde de la viabilité de l'entreprise publique commande que son produit soit rémunéré objectivement pour lui éviter des difficultés financières, et pour repousser les trafics et contrebande nourris par des prix sous-évalués.» Certes, à travers cette déclaration, le chef de l'Etat n'a pas prôné directement la révision à la hausse des tarifs, mais il a souligné la nécessité d'une rémunération objective des produits de Sonelgaz. Une dizaine de jours plus tard, le premier responsable de cette entreprise est venu rappeler, pour sa part, les conséquences du gel des tarifs sur la santé financière de Sonelgaz, considérée comme l'une des entreprises publiques stratégiques que compte le pays. Une entreprise appelée à réaliser, durant le quinquennat 2010-2014, 14 000 km par an de lignes d'électricité et 9 300 km par an de canalisations de gaz naturel. Pour cela, de l'argent doit être débloqué. Les responsables de Sonelgaz ont à maintes fois rappelé que le recours aux crédits bancaires alourdit les dettes de l'entreprise. En somme, il est clair aujourd'hui que, même si la Sonelgaz a bénéficié d'un plan d'assainissement qui a abouti au rachat par le Trésor de son découvert de 200 milliards de dinars en plus de certaines facilités accordées dans le cadre du processus de financement, la hausse des tarifs semble inévitable. M. Bouterfa a toujours insisté sur ce point. «Il faut travailler sur la durée et aller vers une augmentation des tarifs. Une entreprise doit équilibrer ses charges par rapport à ses produits. Il est important d'aller vers le prix réel», avait-il indiqué lors d'une de ses sorties médiatiques.A noter aussi que le problème des créances pèse lourd sur l'entreprise. Avec un niveau de créances détenues sur les clients des sociétés de distribution de 43 milliards de dinars à fin juin 2010 et un montant de 7 milliards de dinars annuellement de TVA qui n'est pas reversée par l'administration des impôts, les difficultés ne font que s'accumuler pour cette entreprise publique qui cherche à sortir du tunnel par l'inévitable solution de la hausse des tarifs. Une question qui fera sans nul doute partie du lot des dossiers de la prochaine rentrée sociale. Le foncier, l'autre problème de Sonelgaz Comme c'est le cas pour bon nombre d'entreprises, le problème du foncier entrave sérieusement le développement de Sonelgaz notamment à travers la construction de nouveaux postes de distribution. De nouveaux lotissements et sites urbains voient régulièrement le jour, mais le réseau électrique ne suit pas. «L'accès au foncier pour construire de nouveaux postes de distribution est devenu un véritable parcours du combattant pour les sociétés de distribution.» C'est en ces termes que le P-DG de Sonelgaz a expliqué l'absence de nouveaux postes de distribution de l'électricité dans certaines régions où la demande en électricité ne fait qu'augmenter. A ce problème s'ajoutent d'autres contraintes, à l'image des oppositions de tiers pour l'obtention des droits de passage des lignes électriques, retardant la concrétisation des projets de renforcement de la distribution d'électricité. Les coupures d'électricité que connaissent certaines régions du pays périodiquement s'expliquent d'ailleurs par ces lacunes en postes de distribution. Le premier responsable de Sonelgaz a indiqué, dans ce cadre, que ces problèmes persisteront si les contraintes citées précédemment ne sont pas levées. Il a clairement noté : «La distribution ne pourra être remise en ordre que si tout l'environnement joue le jeu, le problème de l'alimentation en électricité n'est pas le seul fait des sociétés de la distribution car l'espace n'appartient pas à ces sociétés, mais aux collectivités locales.» L'appel est ainsi lancé aux présidents d'APC afin qu'ils jouent le jeu.