Une roquette s'est abattue à l'aube sans faire de dégâts sur l'état-major de la force internationale de l'OTAN (Isaf) en plein centre de Kaboul, et d'autres ont été tirées dans plusieurs villes et villages, dont une, dans l'est du pays, a tué au moins deux personnes dans une maison. Un attentat a également blessé trois personnes, dont deux observateurs afghans, dans un bureau de vote de la province de Khost (sud). Et le gouverneur de la province de Kandahar a réchappé à l'explosion d'une bombe artisanale au passage de sa voiture. Pourtant, ces secondes législatives au suffrage universel depuis la chute du régime des talibans, fin 2001, ne présentent pas un grand enjeu, le pouvoir réel étant concentré dans les mains du président Hamid Karzai. Ce dernier a été installé à la tête du pays par les Américains, fin 2001, et maintenu depuis malgré la corruption et des fraudes massives qui ont permis sa réélection ; il y a plus d'un an. L'enjeu semble plus important pour les pays occidentaux dont les opinions restent réticentes à l'envoi de leurs soldats dans ce bourbier meurtrier. Les puissances occidentales envisagent un début de retrait de leurs 144 000 militaires américains pour la plupart dès juillet 2011. Les pertes des forces étrangères atteignent des niveaux record, avec 510 soldats tués depuis le début de l'année, alors que l'année 2009 était déjà de très loin la plus meurtrière depuis fin 2001, avec 521 morts. Plus de 10,5 millions d'Afghans sont appelés à choisir leurs 249 députés à l'Assemblée nationale parmi plus de 2 500 candidats. 68 sièges sont réservés à des femmes. Outre la menace des talibans d'attaquer bureaux de vote, candidats, organisateurs du scrutin et tout électeur deux sujets restent imprévisibles : le taux de participation et les fraudes. Quelques heures après l'ouverture du scrutin la Commission des plaintes électorales (ECC) a relevé des irrégularités dans au moins deux bureaux de vote de Kaboul. La veille du scrutin, les talibans avaient enlevé dix-huit personnes dix partisans d'un candidat et huit fonctionnaires de la commission électorale. Les résultats définitifs officiels ne sont pas attendus avant le 31 octobre. Le chef de la mission de l'ONU en Afghanistan a estimé, hier, qu'il fallait tirer un «bilan mitigé» des élections législatives et que la sécurité n'avait pas été «bonne». R. I.