De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Déjà très préoccupée par la prise en otages au Niger de cinq de ses ressortissants, la France craint fortement une opération terroriste sur son propre territoire. C'est le patron du contre-espionnage qui l'affirme dans des déclarations rapportées par le journal Le Monde. «Tous les clignotants sont au rouge. La France est sous le coup d'une menace terroriste majeure», a déclaré Bernard Squacini.Le chef de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) aurait relevé plusieurs indices concordants et inquiétants qui l'ont amené à cette affirmation. Il fait état de l'enlèvement de cinq Français au Niger en rappelant que Al Qaïda au Maghreb islamique a désigné la France comme son ennemi principal. Il fait notamment référence aux derniers communiqués diffusés sur Internet où des vidéos «diabolisent nommément la France». Outre le fait que l'Aqmi aurait procédé au cours des dernières semaines à des recrutements importants, les services de la DCRI estiment que le danger d'attentats en France s'est accru depuis l'attaque d'un camp islamiste, le 22 juillet au Mali, qui a fait sept morts dans les rangs de l'Aqmi, et l'adoption définitive par le Parlement français de la loi interdisant le port du voile intégral. Et Paris a pris très au sérieux la déclaration de l'Aqmi après le raid au Mali. Le communiqué de l'organisation terroriste avertissait : «A l'ennemi d'Allah, Sarkozy, je dis : vous avez manqué une occasion et ouvert la porte de l'horreur pour vous et votre pays.» Déjà, en juillet dernier, le patron de la DCRI avait révélé que la France déjoue «deux attentats par an». Il y a une semaine, il avait affirmé dans les colonnes du Journal du dimanche que la menace d'attentats en France n'avait «jamais été aussi grande». Il a été relayé ensuite par le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, qui a déclaré jeudi dernier que la «menace s'est réellement renforcée ces derniers jours et ces dernières heures». C'était juste après deux alertes à la bombe, une à la tour Eiffel, l'autre sur les Champs-Elysées.La France, qui est sur ses gardes, maintient pour l'instant son dispositif de prévention des attentats à son avant-dernier niveau, le plan Vigipirate rouge, en vigueur depuis cinq ans. Mais celui-ci est plus «musclé» avec une plus grande surveillance des palais de la République, des ministères, des gares, des aéroports, des grands magasins, des écoles, des enceintes administratives, religieuses et culturelles. Il n'est pas question pour l'instant de faire passer le dispositif de prévention à son dernier niveau, «Ecarlate», qui est conçu pour faire face à «des attentats majeurs, simultanés ou non, pouvant provoquer des effets dévastateurs». Le niveau «Ecarlate» est très contraignant car il prévoit la généralisation des contrôles aux accès aux trains, des restrictions de circulation, l'interruption du trafic aérien civil et même l'arrêt de la distribution d'eau du robinet et la mise en place d'un réseau de substitution.