De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Mise en place il y a six mois, la mission parlementaire sur le port du voile intégral (burqa comme niqab) en France rendra son rapport le mardi 26 janvier au président de l'Assemblée nationale. Six mois de travaux avec audition de plusieurs dizaines de personnalités qualifiées dans un environnement caractérisé par un manque de sérénité dû à des prises de position extérieures semant la confusion, ou les calculs politiques, à gauche et surtout à droite, n'étaient pas la moindre des caractéristiques du débat controversé sur l'identité nationale. Tout cela n'a pas empêché la mission d'arriver au bout de sa tâche comme en témoigne la version du rapport présenté le jeudi 21 janvier au Premier ministre, François Fillon. S'ils excluent l'hypothèse d'une loi interdisant le port du voile intégral sur la voie publique, de crainte de son inconstitutionnalité, les parlementaires sont favorables à une loi l'interdisant dans l'ensemble des services et des transports publics, y compris à la sortie des écoles «dans la mesure où la remise de l'enfant s'effectue à l'intérieurs de l'école». Dans tous ces lieux, la femme est obligée de montrer son visage, un refus de sa part lui ôte le droit de délivrance du service demandé.La mission parlementaire propose en outre l'adoption d'une résolution en neuf points qui proclame que «c'est toute la France qui dit non au voile intégral et demande que cette pratique soit prohibée sur le territoire de la République». Cette affirmation s'appuie sur le consensus constaté lors des auditions en citant, notamment, dans le préambule de la résolution, M. Mohamed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman, qui a déclaré que le port du voile intégral est «une pratique extrême dont nous ne souhaitons pas qu'elle s'installe sur le territoire français».La résolution estime qu'«il est nécessaire de réaffirmer les valeurs républicaines de liberté, d'égalité et de fraternité» qui «ont pour conséquence directe le refus de toute atteinte aux principes de mixité et d'égalité des sexes». Elle «affirme que le port du voile intégral est contraire aux valeurs de la République, condamne les violences et les contraintes pesant sur les femmes et préconise le renforcement des mesures visant à promouvoir l'égalité entre femmes et hommes». La question qui se pose est : Est-ce que le rapport de la mission parlementaire et ses propositions feront l'objet d'un consensus politique, réaffirmant ainsi l'unité de la nation française contre une tenue que tout le monde reconnaît qu'elle n'est pas une recommandation de l'islam mais issue d'une pratique anté-islamique. Les tenants d'une interdiction totale, générale et permanente par une loi ont déjà pris leurs distances avec les conclusions proposées. Les députés socialistes qui ont participé aux travaux de la mission ont annoncé leur refus de cautionner le travail accompli qu'ils considèrent pourtant comme «un travail sérieux, mais qui a été pollué par le débat sur l'identité nationale et les oukases de Jean-François Copé». Ce dernier, président du groupe des députés UMP, a pris de vitesse la mission en déposant une proposition de loi d'interdiction générale du voile intégral, prenant aussi de court son propre camp. Il est vrai que, chez les socialistes comme auprès de la majorité présidentielle, on n'arrive pas, chez les uns comme chez les autres, à avoir une position commune à un problème de société sensible.