De notre envoyé spécial à Aïn El Hammam Lakhdar Siad Les deux prévenus dans l'affaire qualifiée d'«atteinte aux préceptes de l'islam», Salem Fellak et Hocine Hocini, arrêtés le 12 août dernier, au début du mois de Ramadhan, dans un chantier de bâtiment du centre-ville de Aïn El Hammam, à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Tizi Ouzou, devront patienter jusqu'au 5 octobre prochain pour être fixés sur leur sort, le procureur ayant requis hier matin, à la fin de son réquisitoire, 3 ans de prison ferme, sur la base, selon ses dires, de article 144 bis 2 du code pénal. Une mobilisation populaire extraordinaire pacifique de plusieurs centaines d'individus, entre anonymes et membres d'organisations politiques, syndicales et des droits de l'Homme, devant l'accès principal du tribunal du chef-lieu de daïra, a notamment marqué le déroulement du procès précédé par ailleurs d'un travail médiatique important. Plusieurs banderoles revendiquant la liberté de culte et de conscience et dénonçant des pratiques répressives de la police et de la justice ont été brandies par des manifestants déterminés à accompagner les deux prévenus, qui assument entièrement et publiquement leur acte de ne pas jeûner, dans l'exercice libre de leur culte. Des slogans d'encouragement aux deux prévenus ont été aussi scandés par la foule tassée toute la matinée devant le tribunal pour signifier «son total soutien et sa solidarité avec Salem Fellak et Hocine Hocini qui n'ont fait de mal à personne étant victimes d'une cabale politico-judicaire digne des régimes despotiques», a affirmé un militant des droits de l'Homme venu d'une localité de Béjaïa. Les manifestants étaient venus de plusieurs localités de la région de Kabylie et certains étaient prêts à rester sur place jusqu'à l'acquittement des deux «non-jeûneurs» et aussi longtemps que leur procès durera. Le collectif de défense constitué de cinq avocats ayant une expérience dans ce genre d'affaires n'a pas trouvé beaucoup de difficultés à battre en brèche l'argumentaire du représentant du ministère public basé essentiellement sur l'article 144 bis 2 du code pénal. Laissé en délibéré, le verdict du tribunal, prévu pour le 5 octobre prochain, est attendu par les proches des prévenus et les manifestants ainsi que par l'opinion publique.