Les deux citoyens, qui devront répondre aux questions du juge ce matin, sont de confession chrétienne. Deux citoyens seront présentés ce matin devant le juge au tribunal de Aïn El Hammam dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il s'agit de Hocine Hocini, 47 ans, et de Salem Fellak, 34 ans. Ces derniers répondront au chef d'inculpation d'atteinte et d'offense à l'un des préceptes de l'Islam. Ils ont été surpris en «flagrant délit» alors qu'ils buvaient de l'eau le 12 août dernier en plein mois de Ramadhan. Les deux citoyens qui devront répondre aux questions du juge ce matin sont de confession chrétienne. En plus, au moment où ils buvaient de l'eau, ils se trouvaient à l'intérieur du chantier où ils travaillaient loin de la voie publique. Des avocats interrogés plus d'une fois suite à l'éclatement de cette affaire, ont, à l'unanimité, réfuté l'existence d'un article qui l'interdit. Au contraire, la Constitution algérienne, aussi bien que les textes relatifs aux droits de l'homme paraphés par le gouvernement algérien garantit la liberté de culte sans aucune équivoque. Pourquoi alors des policiers ont-ils interpellé ces deux citoyens à Aïn El Hammam? Les policiers ont-ils agi à titre individuel ou bien ont-ils reçu des instructions pour «sévir» contre ces non-conformistes. Cette dernière thèse est peu plausible car si tous les non-jeuneurs devaient être arrêtés, il n'y aurait pas de place dans les prisons. Le procès d'aujourd'hui se déroulera sous pression citoyenne. Un sit-in se tiendra ce matin en guise de solidarité devant le siège du tribunal à l'appel de la population locale. Depuis le 12 août dernier, la mobilisation n'a pas cessé d'aller crescendo dans la région de Aïn El Hammam mais aussi ailleurs. Une pétition a récolté des centaines de signatures en Algérie pour dénoncer ces pratiques qui remettent en cause le concept même de la tolérance, de l'acceptation de l'autre et du droit des minorités. Parmi les organisations que cette escalade n'a pas laissé indifférentes, on pourrait citer la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme qui a réagi hier à travers sa Fédération de Tizi Ouzou. Dans une déclaration rendue publique, la Laddh a dénoncé énergiquement les poursuites judiciaires, aussi bien contre les non-jeuneurs de Aïn El Hammam que de ceux de Tébessa, Bouira et Béjaïa. Pour sa part, le collectif SOS libertés a qualifié, dans un autre communiqué, cette affaire «d'une nouvelle escalade de l'intolérance religieuse sans couverture officielle». Pour ce collectif, «cette affaire est d'autant plus inquiétante qu'elle survient dans un climat politique délétère». Il condamne, par ailleurs, toute forme d'intolérance et de répression pour délit de culte et exprime sa solidarité avec les victimes tout en exigeant de prononcer la relaxe aux deux accusés.