Photo : S. Zoheir Par Youcef Salami L'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) assure, dans un communiqué rendu public, que toutes les mesures ont été prises pour assurer un approvisionnement «régulier» et «constant» du marché en lait en sachet durant le mois de ramadhan et jusqu'à la fin de l'année 2008. L'organisme en question ajoute que les dispositions d'achat de matières premières laitières, qu'il a prises dès mars 2008, permettent d'assurer la couverture des besoins de consommation de la population pendant tout le second semestre 2008. Et de détailler : l'ONIL livre actuellement à l'ensemble des laiteries conventionnées, publiques et privées confondues (plus d'une centaine), un tonnage mensuel qui «couvre largement» les besoins du marché en lait en sachet. Depuis quelques jours, la presse nationale s'est fait l'écho de tension sur la distribution de lait en sachet dans certaines régions, comme Alger, Bouira, Tizi Ouzou, etc. L'Office interprofessionnel note qu'à Tizi Ouzou, par exemple, il livre un tonnage mensuel conséquent à cinq laiteries. Le tonnage de matières premières laitières fournies mensuellement par l'ONIL à ces cinq laiteries permet de produire 11,8 millions de litres de lait en sachet par mois, couvrant largement les besoins de la population de cette wilaya. L'ONIL invite, par ailleurs, toutes les laiteries à veiller à l'enlèvement régulier de leurs quotas mensuels et à respecter leur programme de production de lait en sachet afin de contribuer à assurer sa disponibilité sur le marché, conformément aux conventions signées avec l'Office. Dans une déclaration qu'il a faite à nos confrères d'El Watan, le P-DG du complexe laitier Colaital de Birkhadem, une filiale du groupe Giplait, s'est voulu également rassurant, affirmant que l'approvisionnement en lait en sachet se fait de «manière régulière», qu'il n'y a aucune «crainte» à avoir et que les machines dont dispose le complexe tournent à plein régime. Une explication opportune dans le propos du P-DG, cependant : des détaillants dépourvus de moyens frigorifiques préfèrent écouler les quantités en lait qui leur sont distribuées de «bonne heure». D'où, peut-être, la perturbation dans l'approvisionnement dont il est question. Selon certaines données statistiques, l'Algérie consomme 3,5 milliards de litres de lait par an et n'en produit que 2,2 milliards dont 250 millions de litres seulement sont collectés, et l'objectif du gouvernement est de réduire la facture des importations de poudre de lait estimée à 600 millions de dollars par an. La filière lait n'est pas un cas isolé. Les problèmes qu'elle a connus, et qu'elle connaît encore, sont le fait d'une conjoncture particulière qui affecte tout le secteur de l'agroalimentaire. Les dysfonctionnements dont souffre celui-ci font que nous importons de plus en plus de concentré de tomate, que des capacités excédentaires sont mises en place pour la trituration des céréales. Et que la production de lait cru, qui atteindrait 2,5 milliards de litres en 2008, ne trouve pas de réseaux de collecte organisés, entre autres. L'agroalimentaire est, aujourd'hui, une industrie à dominance privée. 41% de la valeur ajoutée en est issue. Toutes branches confondues, le privé y compte pour 80%. En 2007, il y a eu une réelle perturbation du marché du lait. Il aura fallu des négociations serrées entre le gouvernement et les producteurs de lait pour dégager une solution médiane. C'est dans le sillage de cette crise qu'a été créé l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL). Il l'a été dans l'urgence. C'était, peut-être, le chaînon manquant dans le cadre d'une réorganisation du marché du lait. L'ONIL se donne une mission primordiale, celle de réguler et d'organiser la filière du lait tout en approvisionnant les producteurs-transformateurs en poudre de lait.