Photo : S. Zoheir Par Farah Bachir-Cherif Pour demander justice, crier leur rage et dénoncer le piétinement de l'enquête, la famille du jeune Aboubakar Guir, ses amis et une foule nombreuse, venue les soutenir, ont organisé, vendredi dernier, une marche au port de Sidi Fredj. Aboubakar a trouvé la mort, samedi dernier, alors qu'il pratiquait de la plongée à quelques mètres à peine de la plage faisant face à la résidence d'Etat, Club des Pins. Il a violement été heurté par les hélices d'un hors-bord. Son conducteur, le laissant pour mort, a pris la fuite. Le corps de la victime est resté à flotter dans son sang, pendant deux heures avant d'être découvert par un conducteur de jet-ski qui a alerté les gardes-côtes. Encore sous le choc de la nouvelle, la mère du jeune plongeur n'a plus de larmes pour pleurer la chair de sa chair. Elle ne pardonne pas. Car «mon jeune fils a été abandonné, ensanglanté sous l'eau. Il était peut-être encore en vie». A peine audible, elle a ajouté : «Si le conducteur du hors-bord avait pris la peine de tenter de le secourir ou juste de retirer son corps de l'eau, j'aurais pu accepter la cruauté du destin.» Les frères d'Aboubakar, refusent, eux aussi, de pardonner. Ils tiennent à ce que toute la vérité soit faite sur les circonstances de cet accident. Ils ne sont pas seuls dans cette quête. De nombreux citoyens, solidaires de leur cause, veulent mettre fin aux «terroristes» de la mer. Et c'est là le principal objectif de la marche organisée à Sidi Fredj. Les manifestants espèrent alerter les pouvoirs publics sur les risques mortels engendrés par les jet-skis et les hors-bord qui circulent en toute impunité à quelques mètres de la plage. Ils s'interrogent sur l'existence ou non de lois qui interdisent cette pratique ou encore sur la nécessité d'en promulguer. Surtout que ces embarcations sont «sans papiers», comme l'assure une source proche du port. D'ailleurs, d'aucuns ont affirmé que les enquêteurs ont porté leurs soupçons sur le propriétaire d'un hors-bord qui ne possède pas de documents pour son embarcation. Le frère de la victime qui a demandé aux gardes-côtes de vérifier les sorties des embarcations le jour de l'accident fatal, a été réorienté vers la commune et la wilaya. «C'est là que vous devez vous adresser car ces derniers n'ont pas procédé au balisage de la plage.» Un simple balisage aurait pu sauver la vie d'Aboubakar. Un simple balisage pourrait sauver la vie de milliers d'autres Aboubaker. A qui incombe la faute ? Faudra-t-il attendre d'autres victimes pour que les autorités réagissent ?