Photo : M. Hacène De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Il y a plus de trois années déjà, la Tribune publiait dans ses colonnes les mises en garde du président de l'Association des commerçants de la pièce détachée concernant les mesures d'interdiction de l'importation de la pièce de rechange usagée d'origine. A l'époque, ce représentant des revendeurs de la pièce détachée déplorait les mesures d'interdiction prises au profit de l'importation des pièces de rechange dites «Taïwan». «Ce que nous importons garantit une sécurité optimale aux automobilistes. Bien que les pièces soient usagées, elles restent garanties puisqu'elles sont d'origine. Ce qui est impossible avec les pièces de rechanges contrefaites», notera-t-il. En effet, le marché de la pièce de rechange usagée, selon les spécialistes de la sécurité routière, représente plus de 40% de l'ensemble du commerce dans le pays, du fait de la fiabilité des pièces par rapport à celles contrefaites et de la modicité de leurs prix par rapport à ceux des pièces détachées neuves d'origine. «Je préfère acheter une pièce de rechange usagée qui est plus fiable et plus résistante, que d'acheter une pièce neuve contrefaite qui dure deux fois moins et qui ne présente aucune garantie de fiabilité ni de résistance nécessaires quant à la sécurité», s'accordent à dire une large majorité d'automobilistes que nous avons interrogés. A Oran, les marchés de la pièce détachée usagée ne se portent plutôt bien. Deux grands points commerciaux ont le vent en poupe et ne désemplissent pas tout au long de l'année : le marché aux puces de Chateïbo (ex- Petit Lac) et celui de Savignon- les Castors-Bastille. «Ça devient de plus en plus difficile pour nous dans le contexte actuel. Mais avec le nombre ascendant d'accidents de la circulation, nous arrivons à remonter la pente, difficilement, certes, mais on y parvient et on essaye de se diversifier», nous confie un commerçant de la place de Bastille. C'est dans cette situation pour le moins désordonnée que les nouvelles dispositions de loi prises pour mettre de l'ordre dans le marché de la pièce détachée et de l'automobile sont appliquées, et elles sont évidemment différemment appréciées. Les récentes mesures prises par le gouvernement d'interdire l'importation des pièces de rechange contrefaites et non conformes aux normes requises dans les nouvelles dispositions de loi ont produit des effets mitigés au sein des revendeurs, dont certains continuent à s'approvisionner sur le marché informel de la pièce de rechange contrefaite. Pourtant, depuis la promulgation de ces nouvelles dispositions, l'étau se resserre sur les activités d'importation des pièces de rechange automobile aux frontières, notamment, au niveau des ports du pays. A Oran, le port de la ville est au cœur d'une surveillance serrée de la part des services de l'inspection de la qualité rattachés à la Direction du commerce de la wilaya, note-t-on. Au niveau des trois ports de l'Oranie, notamment Oran, Ghazaouet et Mostaganem, les services de l'inspection aux frontières ont refoulé de multiples arrivages de marchandises pour un total de plus de 300 tonnes de pièces détachées importées depuis le début de l'année en cours. Entre les mois de février et avril derniers, ce sont plus de 120 tonnes de pièces de rechange non conformes qui ont été refoulées et réexpédiées aux pays de provenance. La marchandise était essentiellement en provenance de la Turquie, l'Espagne, la Corée, l'Arabie saoudite, la Chine, l'Argentine, la France et la Tunisie. Officiellement, les marchandises sont refoulées pour défaut d'étiquetage et de mentions obligatoires en langue nationale. Il existe, également, la raison du double étiquetage qui est également à l'origine du refus d'importation de la pièce de rechange. L'absence d'attestation de la firme mère autorisant la fabrication de la pièce de rechange, exigée aux importateurs, est également à l'origine des mesures de refoulement de nombre de marchandises en provenance de pays d'Europe et du Maghreb.