Le coup d'envoi des représentations entrant dans le cadre de la 2e édition du Festival international du théâtre d'Alger a été donné, jeudi dernier, par l'association du Nohagako avec un spectacle de «nô», un des arts séculaires du théâtre traditionnel au pays du Soleil levant.Devant un public nombreux, les artistes japonais ont présenté, dans une gestuelle raffinée où se mêlaient subtilité et démonstration, un spectacle inédit pétri de magie et de rituels ancestraux.Sur scène, le décor était planté avec une grande toile où se dessinait l'art des paysagistes japonais représentant un pin aux feuillages verdoyants. De chaque côté, s'élèvent des piliers, telles des colonnes menant à la voûte céleste.Grâce au traducteur présent sur place, le public fasciné a pu suivre l'histoire d'une déesse qui a quitté sa demeure céleste pour le monde des hommes, pour se baigner dans une source d'eau. A la fin de sa baignade, elle découvre avec stupéfaction que ses vêtements avaient disparu. Alors qu'elle est plongée dans la tristesse et le désespoir, ne trouvant aucune solution à sa situation, un chasseur croise son chemin. Mis au courant de sa mésaventure, il lui propose de retrouver ses vêtements célestes à condition qu'elle lui apprenne la danse des dieux. C'est ainsi que la déesse a pu rejoindre sa demeure divine et le chasseur mit un pied dans l'univers des immortels grâce à la perfection de sa danse aux mouvements empreints de divin. La pièce chargée de poésie et de délicatesse a suivi une dramaturgie se déroulant «tel un rituel, une cérémonie associant le sacré au profane, le réel au légendaire où l'onirisme est présent». Durant toute la représentation, les festivaliers présents ont pu percevoir la sacralité de cet art du spectacle à travers les chants, la gestuelle et la chorégraphie baignée de théâtralité proche du divin qu'offrirent aux présents les artistes aux multiples talents de l'association du Nohagako. Au final, c'est un tonnerre d'applaudissements qui salua cette représentation inédite, donnant le ton à une édition marquée par non seulement la promotion du patrimoine immatériel, mais aussi par le fait qu'au-delà d'un simple spectacle, le théâtre est aussi un art empreint de sacré qui ne peut s'épanouir que grâce à ceux qui sauront l'élever à la perfection des éthers célestes. Plus tôt dans l'après-midi, le coup d'envoi de ces premières journées du festival a été donné vers 15 heures sur l'esplanade du TNA, la placette Azzedine-Medjoubi, avec les prestations de la formation du Togo, représentée par les musiciens troubadours d'Attidokpo et Tawo Adika, qui ont séduit les passants par les chants mystiques et les rythmes africains. Les airs séculaires algériens étaient également présents à travers les fresques musicales offertes au public de badauds par les artistes Saïd Ramdane, Amrani, Medjrem, Djenneh, Abdelghani et Ben Chemissa. Puis ce fut la voix rauque et émouvante du digne fils de T. Kouyaté du Burkina Faso qui a bouleversé et ému les présents qui, après cet intense moment de partage, ont monté les marches du TNA pour assister à la cérémonie officielle se déroulant dans la grande salle Mustapha-Kate. Lors de cette cérémonie officielle, la troupe Ferda de Kenadza de Béchar a offert aux présents d'intenses moments de communion avant le discours de bienvenue des présidents d'honneur du festival M'hamed Benguettaf et la grande comédienne Sonia. Après la lecture du discours de la ministre par un représentant du ministère, qui a donné en son nom le coup d'envoi officiel du festival, les deux présidents d'honneur ont rendu hommage à plusieurs personnalités du théâtre universel, en l'occurrence Kamal Pacha, comédien et metteur en scène palestinien, Abderrahmane Benzidane, dramaturge et universitaire marocain, Abdelkrim Habib, comédien et régisseur au TNA, Messaoud Ghassam, professeur d'art syrien, Fernando Arabal, dramaturge espagnol, Youcef Taouint, comédien au Mouvement théâtral de Koléa, et à Hadj Smaïn Mohamed Seghir, l'un des doyens du théâtre algérien. Un hommage posthume a été aussi rendu à l'homme de théâtre Hadj Omar, dont une salle du TNA porte son nom. La cérémonie s'est clôturée par la photo de famille des personnes honorées aux côtés de la ministre présente dans la salle. S. A.