Ce moment de recueillement sera partagé par les ambassadeurs, en France, de Jordanie, de Palestine, de Syrie, d'Egypte et de la mission de la Ligue arabe, ainsi que par l'ambassadeur de la Tunisie auprès de l'Unesco.La seconde manifestation, qui est entrée dans la tradition, aura lieu à 17 heures à l'appel de plusieurs dizaines d'organisations, dont le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), la Ligue des droits de l'Homme, le Parti communiste français, le parti de gauche et moult associations de la société civile. Dans leur appel à participer à la commémoration, ces organisations affirment que «quarante-neuf ans après, la vérité est en marche». Avec ce bémol, peut-on lire : «Cependant, la France n'a toujours pas reconnu sa responsabilité aussi bien dans les guerres coloniales qu'elle a menées - en particulier la guerre d'Algérie-, que dans le cortège de drames et d'horreurs qu'elle a entraînés ou dans ce crime d'Etat que constitue le 17 octobre 1961. Certains osent encore aujourd'hui continuer de parler de ‘'bienfaits de la colonisation'', le pouvoir encourage les nostalgiques de l'Algérie française et de l'OAS, comme les tentatives pour empêcher la projection du film Hors-la-loi. Malgré un discours, parfois ambigu et contradictoire, sur le passé colonial de la France, la politique menée par le président de la République témoigne d'une réelle volonté de sa réhabilitation.»Outre le devoir de mémoire à l'égard des victimes des massacres d'il y a quarante-neuf ans, les organisateurs de la manifestation expriment une triple exigence : la reconnaissance officielle du crime commis par l'Etat français les 17 et 18 octobre 1961 ; la liberté d'accès effective aux archives pour tous, historiens et citoyens ; le développement de la recherche historique sur ces questions dans un cadre franco-algérien et international. Hasard du calendrier ou hasard tout court, les organisateurs de la manifestation n'omettent pas de signaler, dans leur appel, que, dans quarante-huit heures, le 19 octobre, le secrétaire d'Etat français aux Anciens combattants, Hubert Falco, installera la «Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie, des combats du Maroc et de Tunisie», prévue par la loi du 23 février 2005 et reconnue d'utilité publique par un décret du 3 août 2010. Officiellement, selon ledit secrétariat, cette fondation sera «au service de l'histoire ; elle aura pour mission de faciliter l'accès du public aux archives, de favoriser les travaux scientifiques français et internationaux et de transmettre la mémoire d'une période souvent mal connue». Cette mission, apparemment noble, ne convainc pas du tout les signataires de l'appel pour le 17 octobre, qui sont persuadés que Hubert Falco «multiplie les actes d'allégeance aux nostalgiques de l'Algérie française». Pour eux, cette fondation «semble être sous la coupe d'associations nostalgiques qui voudraient pouvoir exiger des historiens qu'ils se plient à la mémoire de certains témoins». Ils rappellent que «pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, d'échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et de travailler ensemble, avec leurs homologues, entre les deux rives de la Méditerranée». Relevant que la loi sur les archives de 2008 «fixe des délais de consultation aux dossiers judiciaires, ce qui retardera en particulier les recherches sur l'organisation criminelle de l'OAS», les organisateurs de l'appel affirment que «la recherche de la vérité s'impose pour cette période sombre de notre histoire, comme elle s'est imposée pour la collaboration vichyste avec l'Allemagne nazie».