De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Malgré sa vocation agricole et agropastorale, la wilaya de Bouira reste encore une région qui peine à attirer plus d'investisseurs privés dans le domaine de l'agroalimentaire. Pourtant, le créneau n'est pas saturé. Le marché des produits destinés à la consommation est d'ailleurs toujours dépendant des unités de production situées dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa, Boumerdès et Alger, notamment pour ce qui est des produits laitiers. Toutefois, il faut signaler que la wilaya de Bouira est très bien alimentée, à partir de ces celles-ci, en produits dérivés du lait. Mais le problème persiste pour le lait en sachet, ce qui provoque au niveau de la wilaya une pénurie de cet aliment de base engendrant une crise récurrente pour la population.L'inexistence d'unités publiques de production et le manque de grands investisseurs privés au niveau de la région font que la quantité de lait en sachet distribuée sur le territoire de la wilaya n'arrive pas à satisfaire la demande croissante des consommateurs. En effet, sur tout le territoire de la wilaya, il n'y a qu'une seule unité de production de lait en sachet basée au niveau de la localité de Aïn Hadjar à 10 kilomètres à l'ouest de la ville de Bouira. Contacté, le responsable de cette unité nous fera savoir que l'usine, qui a une capacité de production de 16 000 litres par jour, ne produit que 3 000 litres et ce, à cause de la faible quantité de poudre de lait que lui livre l'ONIL. «Les 10 tonnes de lait en poudre qui sont mises à notre disposition font tourner l'usine pendant deux heures seulement, de quoi produire uniquement 3 000 litres, alors que notre unité est censée fonctionner au moins huit heures par jour», indique-t-il. Ce responsable a ajouté que, si l'office lui donne 30 tonnes, il est capable de couvrir les besoins en lait des localités de la daïra de Aïn Bessem et d'une partie de Bouira.D'autre part, le recours à l'utilisation du lait cru de vache pour faire baisser les exportations de poudre de lait, qui est une démarche adoptée par le ministère de l'Agriculture, est considérée comme désavantageuse par les producteurs de lait. Ces derniers indiquent qu'il est impossible d'acheter le lait de vache à 35 dinars le litre chez les éleveurs pour le mettre en sachet et le revendre à 25 dinars seulement.Notons que, d'après les chiffres donnés en 2009 au niveau de la wilaya de Bouira, quelque 3 500 litres de lait cru ont été récoltés par jour chez les différents éleveurs de vaches laitières estimées à 35 000 têtes. Or, ces éleveurs, qui ne cessent de demander des aides des pouvoirs publics afin de faire de Bouira un centre de production laitière national, sont exposés à des problèmes liés à la collecte et à la vente de leur produit pour les unités de production installées au centre du pays. A titre d'exemple, l'année dernière, les producteurs ont été surpris par le refus du centre de collecte de Aïn Bessem, considéré comme une antenne du complexe laitier de Draa Ben Khadda dans la wilaya de Tizi Ouzou, de leur acheter leur lait sous prétexte que les citernes de stockage étaient remplies. Après cette déconvenue, les producteurs se sont déplacés à Bouira pour voir le wali. Ce dernier, après les avoir écoutés, est intervenu personnellement auprès des responsables du complexe de Draa Ben Khedda et a donné des instructions fermes aux responsables du centre de collecte de Aïn Bessem pour régler ce problème.Sur un autre registre, l'Association des gros éleveurs de vaches laitières a maintes fois sollicité l'attention des responsables pour organiser la collecte de leur produit vers les complexes de production. Ainsi, même avec l'apport des producteurs de lait de vache, les commerçants persistent à dire que la couverture de la wilaya en lait reste tributaire des unités de production situées hors de la wilaya, qui disposent déjà d'une quantité appréciable de poudre de lait, alors qu'au niveau local, les rares producteurs qui se sont lancés dans le domaine sont contraints de faire tourner leurs unités à faible régime.