De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Après une léthargie culturelle vécue par les citoyens de la région durant cette saison estivale, le mois de septembre s'ouvre sans aucune manifestation de la part de la Direction de la culture ni de la part des animateurs des quelques associations culturelles qui sont répertoriées comme actives par les responsables du secteur. Même les soirées ramadhanesques organisées par la maison de la culture sont interrompues, après des échauffourées entre des jeunes qui ont eu lieu au début du mois sacré au niveau de l'esplanade de cette infrastructure. Le champ culturel, au niveau du chef-lieu de la wilaya et d'autres communes, est toujours empreint d'une morosité inquiétante. Pas de soirées artistiques, aucune exposition de livres ou de peintures, point de présentation théâtrale ni de soirée poétique. Les veillées de ce mois qui tire à sa fin sont, pour les nombreuses familles qui animent les ruelles de la ville de Bouira après le f'tour, partagées entre les emplettes dans la perspective de la rentrée scolaire et de la fête de l'Aïd et les promenades en ville avec des amuse-gueules achetés auprès d'une nuée de vendeurs à la sauvette qui squattent les trottoirs durant la nuit en quête de gain facile. En fait, c'est le commerce informel et les boutiques ornées aux couleurs de la rentrée qui animent la ville de Bouira. Cependant, du côté des organismes chargés de la promotion de la culture, aucun programme n'est encore annoncé pour cette rentrée. Même pas une foire du livre qui pourrait inciter les jeunes et les enfants scolarisés à s'intéresser à la lecture et à la culture générale.D'autre part, dans une wilaya où la production littéraire n'est pas encore sortie de l'anonymat, parler d'une rentrée littéraire est, sans prétention aucune ni intention de froisser l'esprit des hommes de culture de la région qui ont édité des livres ou ceux qui ont tenté d'apporter leur contribution dans le domaine de la littérature et de la culture de manière générale, quelque peu exagéré, indiquent des citoyens et certains libraires installés au niveau du chef-lieu de la wilaya. Il y a deux ans, dans la perspective de rapprocher le livre du lecteur et d'encourager l'action culturelle dans la wilaya, l'Entreprise nationale des arts graphiques avait inauguré une annexe de l'ENAG dans la ville de Bouira. Située non loin du centre universitaire de Bouira, cette annexe a été baptisée du nom de Mouloud Feraoun, célèbre écrivain algérien. Les responsables locaux ont pensé que le lieu attirerait les étudiants, les lycéens et tous les lecteurs épris de littérature et de culture générale. Lors de l'ouverture de cette annexe, dont les travaux d'aménagement et d'équipement ont coûté la somme de 300 mille dinars, ils ont exposé à la vente environ 1 500 titres de livres de la collection ANIS et d'autres, dont la majorité est éditée par l'ENAG. Cette opération avait été décidée avec la collaboration de la direction de la culture qui avait, à l'époque, la ferme intention de créer un lieu de rencontre pour les écrivains de la région déjà publiés ou qui veulent éditer des livres dans les différents domaines de la culture et des sciences. Cependant, depuis sa création, il a été constaté que cet espace peine à se frayer un chemin et affirmer sa vocation. Car, pour la rentrée en cours et en raison de considérations commerciales, les gérants de l'annexe ont été contraints de consacrer certains rayonnages à la vente des manuels scolaires pour les lycéens et collégiens. Ce qui n'a pas échappé à certains citoyens. Ces derniers considèrent que l'agence ENAG de Bouira veut se mettre au diapason de toutes les librairies privées qui existent déjà au niveau local. Ainsi, pour la rentrée, les nouveaux ouvrages et la révélation de nouveaux talents tardent à attirer le public. Sur un autre registre, des libraires de Bouira ont indiqué que le Salon international du livre d'Alger est désormais devenu pour eux le seul rendez-vous incontournable pour s'approvisionner en différents titres de manuels et de livres nouvellement édités au niveau national et à travers le monde, dans les multiples disciplines scientifiques et littéraires. Selon eux, la majorité des manifestations du même type, organisées au niveau de la wilaya, n'apportent rien de nouveau et ne suscitent pas l'intérêt des lecteurs. C'est pourquoi, plusieurs libraires considèrent que les maisons d'édition et de distribution doivent revoir leur stratégie en matière de commercialisation du livre sur le plan de la qualité, de la disponibilité et du prix.