Photo : AS. Zoheir De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Au niveau de la wilaya de Bouira, les responsables des services agricoles s'attendent à une production saisonnière en pomme de terre qui dépasserait les 800 000 quintaux, le début de l'opération de récolte est prévue, selon les mêmes sources pour le mois en cours et concernera une superficie de 2 058 ha destinée à la culture de la pomme de terre de consommation, alors que 500 ha sont réservés à la production des semences de ce tubercule. La localité de Aïn Bessem, connue pour les terres fertiles de la région des Arribs, où près de 1 500 ha sont cultivés en pomme de terre, alors que, sur le plateau d'El Esnam, environ 400 ha sont réservés à la culture de la pomme de terre de saison en plus des terres destinées au même produit qui sont situées entre les périmètres agricoles de Bouira, Haizer et Lakhdaria. Il y a lieu de rappeler qu'après la récolte de l'été dernier, la wilaya de Bouira avait enregistré un surplus de production en pomme de terre, qui a dépassé le million de quintaux. Mais à cause des capacités de stockage réduites dont dispose la wilaya, la hausse de production avait engendré alors le mécontentement des agriculteurs producteurs de ce tubercule, qui sont issus des localités d'Aïn Bessem, Bir Ghbalou, El Esnam et Bechloul. A l'époque, ces derniers craignaient que l'excédent se répercute négativement sur leur investissement et avaient déploré le manque de chambres froides au niveau de la région, allant jusqu'à bloquer la RN5 en déposant des sacs de pomme de terre sur la chaussée, un moyen par lequel ils ont voulu faire pression sur les pouvoirs publics afin que ces derniers trouvent des solutions pour leur éviter des pertes et le pourrissement du produit. Face à cette situation qui tendait à se généraliser à d'autres wilayas, les responsables du ministère de l'Agriculture et les représentants des producteurs de pommes de terre ont abouti à un accord dit «dispositif du Syrpalac», par lequel l'Etat avait procédé à l'achat de la quantité produite auprès des agriculteurs, au prix de 20 DA le kilo et à son stockage, dans des chambres froides implantées dans les wilayas limitrophes, pour la mettre ensuite sur le marché, afin de le réguler. Cette année encore, la production de pomme de terre à Bouira dépasse les moyens de stockage, la région compte actuellement 21 chambres froides d'une capacité globale de 120 000 quintaux. Selon les responsables de la Direction des services agricoles (DSA), la culture de la pomme de terre n'a été introduite, de manière massive dans la wilaya, que durant ces dernières années. De plus, en 1999, la production de pomme de terre au niveau de la région ne dépassait guère les 10 000 quintaux dans la région. Les mêmes responsables ajoute que c'est la mise en place de la politique du PNDA qui a permis à la production de pomme de terre de se hisser à la troisième place des activités agricoles dans la wilaya de Bouira, derrière la céréaliculture et l'oléiculture. Pour les années à venir, les mêmes sources ajoutent qu'un contrat de performance a été signé entre le ministère de l'Agriculture et la wilaya, prévoyant un taux de croissance de 13% par an par le développement de cette filière agricole. Une prime pour la manutention et les frais de transport Par ailleurs, nous avons appris que, dans le but d'augmenter les capacités de stockage de la pomme de terre qui sera récoltée cette saison, l'entreprise publique économique Proda a été désignée pour l'achat de la récolte auprès des agriculteurs en vue de son conditionnement et de son stockage et ce, dans le cadre de la mise en œuvre du système de régulation des produits à large consommation dans sa seconde édition Syrpalac 2. Les mêmes sources ajoutent que le directeur régional de cette entreprise a rencontré, la semaine dernière, les producteurs de pomme de terre de la wilaya de Bouira, pour lesquels le responsable de Proda a proposé deux formules : soit un prix de 17 DA pour le kilo de pomme de terre avec une prise en charge du transport de la récolte vers les chambres froides par l'entreprise ou un prix de 20 DA le kilo, au cas où les producteurs voudraient eux-mêmes assurer le conditionnement et le transport de leur produit vers les chambres froides. Le nouveau système de régulation des produits à large consommation ou Syrpalac 2 qui vient d'être mis en place par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural et dont l'objectif premier est de garantir les revenus des agriculteurs et de lutter contre les spéculations sur ces produits de large consommation comme la pomme de terre, semble satisfaire les producteurs. C'est du moins l'impression qui s'est dégagée des quelques producteurs de pomme de terre de la wilaya de Bouira que nous avons rencontrés mercredi dernier au niveau du plateau d'El Esnam. En effet, sur place, nous avons trouvé deux techniciens de l'ONAB dépêchés depuis Skikda pour superviser sur le terrain la marchandise. Ainsi, selon le DSA présent sur les lieux, contrairement à l'année dernière, cette année, la pomme de terre est achetée sur place par l'ONAB, une filiale de SGP/Proda, au prix de 24 DA/kg. En outre, pour encourager les producteurs, il leur a été offert une prime de 0,50 DA/kg pour la manutention ainsi que la prise en charge des frais de transport. Cependant, et toujours en se référant aux expériences précédentes, la pomme de terre ne sera admise à l'achat qu'après avoir reçu l'aval des deux techniciens de l'ONAB, lequel aval se fait après prospection de la récolte sur terrain, en prenant en compte la maturité du tubercule dont la pelure doit être dure et non peleuse, le calibre du tubercule qui devra être supérieur à 35 mm et ne présentant pas le phénomène de verdissage et, enfin, l'élimination des tubercules sectionnés, malades, humides ou portant de la terre. Ainsi, sur place, ces producteurs semblent très satisfaits de ce dispositif puisque le prix proposé est de 24 DA /kg et, même si des spéculateurs leur proposent un prix de 30 DA/kg sur pied, ces producteurs préfèrent céder leur production à 24 DA/kg mais à une seule condition : que ce dispositif soit maintenu pour toujours. Pour rappel, au niveau de la wilaya de Bouira, outre le plateau d'El Esnam, vaste périmètre de 1 700 hectares, il existe un autre périmètre de Aïn Bessem où, là aussi, deux techniciens de l'ONAB sont dépêchés pour superviser la pomme de terre avant sa récolte et son expédition vers les chambres froides existant au niveau des wilayas de l'est du pays. L'opération est assurée par l'ONAB et le paiement des producteurs se fait d'une manière inédite. En effet, d'après les deux techniciens que nous avons rencontrés, dès cette semaine, le comptable de l'ONAB sera à Bouira pour signer les chèques et les remettre en main propre aux producteurs selon la quantité vendue. D'un autre côté, sur le plan de l'investissement agricole, dans le but de contribuer à cet effort visant à mettre fin aux difficultés rencontrées par les producteurs dans la culture, le stockage et la commercialisation de la pomme de terre, nous avons appris que le groupe Cevital a décidé d'investir dans ce créneau, au niveau de la wilaya de Bouira, en implantant une plate-forme logistique, sur la RN18, à la sortie ouest du chef-lieu de wilaya. La plate-forme est composée de chambres froides, de centres de tri, de stockage et de transformation de l'agroalimentaire. Elle sera construite sur une superficie de 8 hectares couverts sur les 32 hectares acquis en toute propriété auprès d'un privé. Le coup du projet est estimé à 300 milliards de centimes et engendrera la création de plus de 1 000 emplois permanents.
