«Le système éducatif devrait mettre à profit notre réservoir de valeurs pour conforter la citoyenneté, non pas au sens chauvin mais au sens d'une appartenance à une nation avec les droits et obligations de chaque citoyen», déclarait, hier, Abdelaziz Belkhadem, le ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, en marge des travaux du Forum sur la pensée arabe, rapporte l'APS De leur côté, le même jour, les députés de l'Assemblée populaire nationale ont appelé à rétablir la confiance entre le citoyen et l'administration dénonçant les pratiques malsaines (corruption, bureaucratie et malversation) de cette dernière, relève la même agence dans une autre dépêche. «Notre pays connaît actuellement une crise de confiance entre le citoyen et les gouvernants», observent les députés. Education et purification au service de la citoyenneté. Celle-ci se définit comme le statut juridique qui permet à un individu de devenir citoyen, ce qui lui donne accès à l'ensemble des droits politiques et devoirs, lui permettant de participer à la vie civique d'une société. Citoyen est une forme évoluée du résident et l'antonyme d'esclave. La notion requiert un engagement naturel (par le travail, le lien social et l'espace public) ou décidé (militantisme, bénévolat). La citoyenneté renvoie également à l'égalité entre les membres de la société. Or, dans les discours «officiels», le principe semble réduit aux questions de civisme et restreint au «bas peuple». C'est au peuple (la plèbe aux temps anciens) qu'on doit inculquer les rudiments de la citoyenneté, dit le langage des élus et responsables. Faux. Ces derniers sont aussi citoyens, astreints aux mêmes obligations avec en prime celles qui leur échoient par le poste occupé. S'il est primordial que les valeurs pour conforter la citoyenneté doivent être enseignées à l'école, il reste un moyen, encore plus efficace, pour imprégner les générations actuelles et futures de ses principes : donner le bon exemple. C'est aux gouvernants, aux élus et aux gestionnaires de montrer par leur comportement la voie à suivre. Ce sont eux le modèle social. Parmi les rudiments de la justice sociale figurent la notion «de la personne qu'il faut au poste qu'il faut». Il s'agit là de la légitimité, basée sur la compétence, l'honnêteté, la volonté de bien faire et le don de soi pour le bien-être du peuple. C'est la condition sine qua non pour rétablir la confiance entre le «citoyen» et son administration ou ses gouvernants. Lutter contre la bureaucratie, la corruption et les pratiques malsaines est un atout, qui ne peut combler la brèche sans une implication réelle avec une politique de communication efficiente et transparente. Pour revaloriser la notion de citoyenneté, il ne s'agit pas seulement de montrer patte blanche, il faut un travail dogmatique. Impulser un esprit. Et non pas, seulement, «mettre à profit l'aisance financière du pays pour rétablir la confiance», comme le préconisent les élus du peuple. S. A.