Alors que le débat sur la réforme de la retraite en France fait rage, l'Algérie semble bien être à l'abri des dysfonctionnements de ce système. C'est ce qu'a laissé entendre hier, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh. Il intervenait à l'ouverture des travaux du séminaire sur les réformes de la sécurité sociale, organisé à l'hôtel Aurassi, par les caisses nationales de sécurité sociale en collaboration avec l'Association internationale de la sécurité sociale (AISS). Le ministre a rappelé dans son allocution, la décision du Président Bouteflika, concernant la création d'un fonds national de réserve des retraites, qui a-t-il dit, constitue «une réforme majeure destinée à contribuer à la sécurisation du système de retraite pour les générations à venir». Ce fonds, financé essentiellement par l'affectation de 2% du produit de la fiscalité pétrolière, a été institué par ordonnance présidentielle en 2006. Plus récemment, la loi de finances de 2010 a prévu un fonds national de sécurité sociale alimenté par une quote -part de la taxe sur le tabac, une taxe sur les bateaux de plaisance et un prélèvement de 5% sur les bénéfices nets générés par l'importation de médicaments. D'autre part, les réformes du régime des retraites ne touchent pas l'âge légal qui est de 60 ans pour les hommes et de 55 ans pour les femmes. De son côté, le secrétaire général de la l'Association internationale de la sécurité sociale (AISS), M. Hans-Horst Konkolewsky, a estimé que l'Algérie est «sur la bonne voie avec l'introduction de réformes ayant amélioré le système de Sécurité sociale avec grand succès tout en s'adaptant au nouveau contexte économique mondial». Le programme des réformes de la sécurité sociale lancé depuis 2000 vise à l'amélioration de la qualité des prestations avec notamment le développement des structures de proximité, le développement du système du tiers payant, l'introduction de la carte électronique de l'assuré social Chiffa qui est déjà au stade de 4, 6 millions de cartes établies pour 15 millions de bénéficiaires, a dit le ministre. «La carte Chiffa constitue la décision stratégique la plus importante dans le cadre de la modernisation du système national de sécurité sociale», a affirmé Tayeb Louh, ajoutant que «ce système qui sera généralisé sur tout le territoire national en 2012, sera appuyé par la mise en place en 2011 d'un centre de recherche. Le système de la carte à puce Chiffa vise, entre autres, la suppression des supports papiers et des formalités de remboursement des soins de santé, la modernisation et l'amélioration des relations avec les prestataires de soins publics et privés ainsi qu'une meilleure performance des organes de contrôle et une réduction des abus et fraude constatés dans certaines situations. La carte Chiffa constitue l'instrument qui permettra la généralisation du système tiers payant à l'horizon 2013. Ce système permet de ne pas avancer les frais de soins de santé contrairement au système de remboursement, précisera le ministre. Le nombre de bénéficiaires de ce système a atteint les 2,4 millions en 2010. Le système est également appliqué avec les prestataires de soins privés en matière d'hémodialyse, de transport sanitaire et de chirurgie cardiaque dans le cadre du renforcement de l'offre de soins gratuits du système public de santé. L'introduction du dispositif de conventionnement du médecin traitant (médecin de famille) a pour objectif notamment l'élargissement du système tiers payant aux soins de santé dispensés par les médecins au profit des retraités et de leurs ayants droit dans une première étape, a expliqué encore le ministre, insistant à cet égard sur le développement d'un partenariat médecins-sécurité sociale pour la promotion de la qualité des soins et de la prévention en faveur des assurés sociaux. Ce nouveau dispositif, instauré en 2009, est actuellement en cours de déploiement et sera généralisé en 2013. A. B.