La 6ème édition du Festival international de jazz de Constantine, Dimajazz, s'est clôturée, jeudi dernier, en apothéose. Le jazzman américain Boney Fields et sa formation The Bone's Project ont enflammé la scène du théâtre régional. Les inconditionnels du jazz, qui pensaient que cette édition avait déjà atteint son summum à l'ouverture, ont dû réviser leur jugement. Le trompettiste –qui a accompagné James Brown, maître de la soul music auquel ce spectacle était dédié- et son groupe leur ont offert un spectacle hors pair, de très bonne facture, qui a placé la barre très haut en matière de show et de performances vocales et instrumentales. Cette 6ème édition a été, de l'avis général, un très beau succès. Mais ce qu'il y a à retenir, c'est certainement l'évolution de ce festival qui a atteint en l'espace de six éditions sa vitesse de croisière. Le Dimajazz s'est imposé comme cette petite hirondelle qui, à elle seule, a réussi à faire un printemps musical à Constantine. Et cela contre vents et marées. Car l'organisation de ce rendez-vous musical qui, en l'espace de quelques années, a réussi, par l'action et l'engagement personnel de ses organisateurs, à s'inscrire dans les carnets de grands noms du jazz, n'a pas toujours été une sinécure. Bien au contraire. Ça avait souvent pris l'air d'un véritable parcours du combattant, avec une enfilade d'obstacles que les organisateurs ont, à chaque fois, dû surmonter ou contourner, en se saignant aux quatre veines. Les membres de l'association Limma, organisatrice du festival, ont eu tous à s'endetter pour pouvoir faire face aux dépenses et réussir l'édition en route. Ce n'est que ces deux dernières années que le festival a eu une bouffée d'oxygène grâce à l'implication totale des autorités locales, avec le wali de Constantine à leur tête. Le ministère de la Culture leur emboîtera le pas et consentira à délier les cordons de la bourse pour une petite aide. Il poussera même jusqu'à institutionnaliser le festival. Les regrettés Aziz Djemmam, jazzman, et batteur du groupe de jazz Sinoudj, un des initiateurs et directeur artistique de Dimajazz ainsi que son compagnon et complice Adel Merrouche, tous les deux membres actifs de l'association Limma, qui sont morts à la fleur de l'âge en 2005 et 2006, auront atteint leurs objectifs à titre posthume. Espérons que le festival désormais institutionnalisé, risquant donc d'échapper à ses initiateurs, organisateurs et promoteurs, ne tombera pas entre les mains d'une administration imperméable à ce feeling et à cette magie de l'art s'inscrivant dans une dimension humaine, celle du contact humain entre l'organisateur et l'artiste, l'artiste et son environnement, qui a créé ce lien entre les jazzmen et le Dimajazz, entre les invités et la ville hôte. Cela pour l'ambiance du festival. Reste le côté purement matériel qui, lui, doit être à la mesure d'un rendez-vous international. H. G.