La visite du directeur général du FMI a, encore une fois, activé en Algérie des mécanismes toujours à l'œuvre concernant l'économie algérienne et la lecture que s'en font des experts et des institutions internationaux. Ces derniers, on s'en doute, sont, pour les uns, des sommités indépendantes au-dessus de tout soupçon et, pour les autres, des acteurs éclairés, actifs au service de lobbysmes liés à la haute finance et à des gouvernements de grandes puissances. Cela est connu par tout le monde et chacun boit à la source la plus exigeante, la plus proche, la plus facile, la plus complaisante ou la plus rigoureuse. Le choix fait éclaire avec pertinence sur un régime, un mode de gouvernance et sur le respect qu'a, ou pas, un gouvernement pour ses populations, son opposition, sa société civile et les élites de son pays. Contrairement à ce qui a été annoncé par de néo-patriotes économiques, M. DSK n'est pas venu pour que l'Algérie achète des bons émis par le FMI pour renflouer les caisses de ce dernier. Il a aussi tenu à préciser qu'il faudra attendre «une éventuelle prochaine émission de bons par le FMI». L'incident ouvert ici est donc clos. Cela n'a pas empêché le DG du FMI de dire des choses claires, simples, relatives à l'économie algérienne. Toutes choses dites depuis des années par des économistes et des experts du terroir, même s'ils n'ont aucune écoute du gouvernement qui pense que consulter des nationaux et les mettre en situation de participer à une réflexion nationale relèverait d'une «non rejla», sinon de la haute trahison, surtout si l'expertise se situe dans l'opposition qu'il «ne saurait voir».Les mêmes mécanismes ont été activés et le seront encore après les déclarations de M. DSK. Dans l'espace journalistique, pour ne prendre que l'exemple du chômage, le curseur a de l'épilepsie comme cela arrive lorsque le sujet est posé à l'APN, par un ministre, lors d'un rapport du CNES ou sous la plume d'un économiste algérien à la marge, mais tout aussi algérien et tout aussi patriote que les membres de l'Exécutif, du Parlement ou la direction des SMA. Une économie sans industrie, sans création massive d'emplois, qui n'a que les hydrocarbures pour la faire vivre peut être très fragile, et dans tous les cas n'a pas de chance d'émerger dans le cadre de la mondialisation avec les risques d'une crise mondiale. Ces propos marqués du sceau du bon sens et de l'analyse sont connus, archiconnus par les élites nationales, bien avant les constats de M. DSK. Si ses propos ont de la pertinence, il est bon pour le pays de savoir que des compétences nationales, dont certaines ont occupé de hautes responsabilités, ont abouti avant M. DSK aux mêmes conclusions.Mais s'il a tort, que des voix dans le gouvernement, les partis de la majorité s'élèvent et le lui disent. Les mécanismes pervers toujours à l'œuvre sont activés. Le taux de croissance, celui du chômage, le niveau des exportations hors hydrocarbures, celui des universités, l'éradication du dernier bidonville, les délais et les coûts, les résultats aux plans idéologique, politique, sécuritaire, de la paix civile, jusqu'au sexe des anges, il est dit tout et son contraire. Selon les tenants du globalement positif (GP), l'ascenseur est au dernier étage, pour ceux du tout-catastrophique (TC), il est au dernier sous-sol. Entre les deux s'imposent les agences de notation, les investisseurs, les classements du niveau atteint par les libertés syndicales et l'égalité des sexes, réalisés par des ONG, des associations, etc.Le jeu pervers où les uns sont omniscients et les autres diabolisés n'est d'aucun intérêt pour les Algériens qui, depuis 1962, ne sont pas arrivés à établir des règles démocratiques et un pacte basique, civilisé entre le pouvoir et l'opposition dans l'intérêt national. Les seuls arbitres légitimes sont, bien sûr, des électeurs conscients, libres, informés sans peurs, ni reniements. Cet idéal, pour le développement, avec ou sans le FMI, est beaucoup plus riche et porteur que tout le pétrole arabe. A. B.