Photo : M. Hacène Par Faouzia Ababsa Il les avait réunis il y a plusieurs décennies autour du défi de bâtir l'Algérie de son vivant, alors qu'il était à la tête de la prestigieuse DNC-ANP. Trente ans après, alors que la DNC-ANP a disparu, il les a réunis de nouveau, mais cette fois-ci à l'occasion de l'hommage qui lui a été rendu hier matin, d'abord au siège de la Fédération nationale des sports équestres, où sa dépouille a été exposée à partir de 10 heures. Il, c'est Abdellmadjid Aouchiche, décédé mercredi dernier à l'hôpital de Aïn Naâdja à la suite d'une longue maladie. C'est un exemple de rectitude, de droiture et d'abnégation, nous dira un ancien de la défunte DNC. Il a formé des cadres, logé des travailleurs, aidé des nécessiteux. Vous ne pouviez pas le solliciter sans qu'il réponde présent. Cela qu'il s'agisse d'un malheur ou pour fêter une occasion. Ce sont ses actes, ses actions, ses réalisations, sa fidélité à son pays, au détriment de sa vie privée qui attestent de la disponibilité de l'homme, de nuit comme de jour, au service de la nation. Des anciens de la DNC-ANP ont d'ailleurs décidé de créer la Fondation Abdelmadjid Aouchiche. Hadj M'hammed, rencontré hier au siège de la Fédération des sports équestres, dont le regretté a été président pendant trois décennies, est inconsolable. Et pour cause ! Il n'a pas quitté le fondateur de «Déserts du monde» en 2002 depuis leur retour de Tunisie où il avait rejoint l'armée des frontières en 1960, après avoir passé des années dans les geôles coloniales. «Quand vous voyez autant de monde venu lui faire ses adieux et lui rendre un dernier hommage, vous comprenez aisément la nature de l'homme, le patriote qu'il était, sacrifiant tout pour son Algérie», nous confiera Hadj M'hammed qui n'arrivait pas à retenir ses larmes. «Lorsqu'il était président de la Fédération des sports équestres, je venais le voir chaque vendredi pour discuter avec lui et solliciter ses prestigieux conseils.» Il a réussi la prouesse de faire construire le centre équestre Colonel-Chabou en 88 jours seulement pour abriter le premier concours maghrébin. C'était en 1973. Ce centre, selon ses proches, cadres et travailleurs de l'ex-DNC, n'était qu'un terrain vague lorsque la commission chargée de prospecter les installations était venue visiter le site. Et c'est Abdelmadjid Aouchiche qui tranchera : «C'est ici que se dérouleront les compétitions.» Le défunt a été nommé par la suite ambassadeur d'Algérie en Argentine, pays avec lequel il signera un contrat de coopération pour la construction du centre nucléaire civil. Après la «Prière du mort» à la mosquée attenante à Dar el imam, sise à Cinq-Maisons, sa dépouille a été transportée vers le cimetière d'El Alia, sa dernière demeure. Et là aussi, énormément de monde. Des ex et des actuels ministres, des officiers de l'ANP en fonction ou en retraite, des sénateurs, des hommes de cinéma, des artistes, des sportifs, des P-DG d'entreprises publiques, des douanes sont venus lui rendre hommage. Et ce sont les mêmes propos que nous avions entendus le matin à la Fédération équestre qui ont été réitérés. Les responsables et la rédaction de la Tribune n'oublient pas non plus que lorsque notre quotidien s'est installé en 1994 dans l'immeuble au Télémly, où M. Aouchiche résidait, il leur a ouvert grande la porte de son domicile et les avait assurés de sa totale hospitalité. Il nous souvient également à nous que le père fondateur des sports équestres avait pris la défense inconditionnelle des jeunes cavaliers algériens au milieu des années 70. Lorsqu'il a été informé qu'ils étaient victimes des moniteurs qui favorisaient les coopérants français et leurs enfants au Centre équestre d'Algérie (CEA) en leur réservant les meilleurs chevaux, il était entré dans une colère noire. «Cela fait à peine dix ans que nous sommes indépendants. On ne les pas fait sortir par la porte pour qu'ils reviennent par la fenêtre. Débarrassez-vous de l'esprit du colonisé. Si, par malheur, cela se répète, je vous congédie tous !» disait-il aux responsables et moniteurs du club, et ce, au bonheur des Algériens. Abdelmadjid Aouchiche s'est éteint alors que nous commémorons le 56e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération. Un message lourd de sens qu'il a légué à tous ceux qui l'ont connu, qu'il a formés. Celui de la lettre et de l'esprit de Novembre.