L'émission hebdomadaire «Politique» de la Chaîne III a reçu, hier, Abderrahmane Belayat, membre du bureau politique du FLN chargé de la formation politique. Beaucoup de sujets ont été abordés avec lui, y compris les contestations dans certaines structures de l'ex-parti unique. Toutefois, le jeu des questions-réponses n'a pas été plus loin sur ce sujet. L'intervenant a juste souligné que les incidents qui ont émaillé le renouvellement de certaines mouhafadhas dénotent la volonté et les ambitions de militants d'accéder à des postes de responsabilités en préparation des prochaines échéances électorales. Apparemment, l'animatrice de l'émission et son invité se sont entendus pour ne pas aborder la crise qui secoue de nouveau le FLN, notamment après la création du «mouvement de redressement et de l'authenticité». L'ex-vice-président du Conseil de la nation est, par contre, longuement revenu sur des sujets brûlants de l'actualité, à savoir l'effervescence sur la scène politique nationale à quelques encablures des législatives et locales de 2012. Abderrahmane Belayat a démenti que la classe politique soit en léthargie ou en hibernation. «Les événements que vit notre pays démentent cela», a-t-il indiqué. «A moins que vous ne pensiez qu'il faille des affrontements à l'intérieur de l'Alliance présidentielle ou avec d'autres partis pour dire que la classe politique n'est pas en léthargie.» Et d'ajouter : «Il est normal que la scène politique s'anime un peu plus à l'approche des élections. Cela se fait partout dans le monde.» Concernant le régime électoral, M. Belayat, en réponse à une question sur la non-satisfaction du FLN quant à l'actuel mode de scrutin, mettra un bémol par rapport aux récentes déclarations de son secrétaire général. Notamment lors de la conférence nationale des présidents d'APC affiliés au parti, tenue le 17 octobre dernier au siège de la Centrale syndicale. A l'occasion de laquelle Abdelaziz Belkhadem avait réitéré la position de son parti quant à la nécessaire révision de la loi électorale, particulièrement le mode de scrutin (proportionnelle intégrale), qui n'agrée pas le FLN. D'ailleurs, une commission a été mise en place à l'intérieur du parti pour formuler des propositions dans ce sens. Abderrahmane Belayat, lui, a indiqué que rien n'a encore été décidé. Il a même parlé d'améliorer l'actuelle loi qui prévoit la proportionnelle par wilaya. «Le scrutin majoritaire à deux tours favoriserait les deux premières formations politiques. Cela dit, nous ne ferons pas cavalier seul et nous n'imposerons pas un mode de scrutin qui risquerait de perturber la scène électorale. Il faut avoir une stratégie», dira encore l'ex-ministre des Travaux publics. A la réplique de l'animatrice qui lui rappelle que le RND n'était pas pour la révision de la loi électorale, l'invité de la radio a affirmé qu'il fallait faire un choix qui ne soit pas circonstanciel. «Le mode actuel nous arrange. Mais notre souci, c'est d'avoir un mode de scrutin qui génère de l'efficacité sur la scène politique.» Et M. Belayat de trancher : «Il faut chercher le consensus.» Et ce, tout en rappelant à ceux qui pourraient l'oublier que le FLN «est le parti leader avec la majorité au niveau du Parlement avec ses deux chambres. Et il le sera en 2012, même si nous ne sommes pas seuls sur le terrain politique et électoral». Une manière comme une autre de signifier que la bataille électorale est par définition rude. Où tous les coups sont permis. Sur le plan international, le membre du bureau politique du FLN est revenu sur la récente visite du patron du FMI (qui a distribué des bons points à l'Algérie) et la lecture qu'il en fait en réponse à celle des observateurs qui ont déclaré qu'elle était loin d'être innocente et qu'elle était empreinte de visée électoraliste en prévision de la présidentielle de 2012. «Nous n'interférons pas dans les affaires internes des autres pays.» Cependant, «il est possible que Dominique Strauss-Kahn et le Parti socialiste ne négligent pas l'avis de l'Algérie sur le sujet, dès lors que l'électorat de notre communauté qui a la double nationalité est très important. Et la politique française à l'égard de nos compatriotes ne nous est pas indifférente. Nous utiliserons la carte des élections quand il faudra.» Sur les relations algéro-françaises, l'invité de la radio précisera qu'elles sont plus complexes qu'en Orient. Et ce n'est pas la faute des Algériens. «Les Français ne se sont pas encore débarrassés de leur complexe colonial. Ils tombent toujours sur le même écueil et pensent que l'Algérie est une chasse gardée.» M. Belayat rappellera qu'une minorité de parlementaires français ont adopté la loi glorifiant le colonialisme. «Nous ne pouvons oublier cet acte inamical. Le passé est très proche et la réponse, c'est de prendre un acte législatif pour criminaliser le colonialisme.» Selon l'intervenant, «la France se doit de présenter des excuses pour les crimes contre l'humanité qu'elle a commis en Algérie, citant au passage la bombe atomique et les champs de mines qui continuent à faire des victimes.» En somme, le FLN n'a pas reculé quant à faire adopter la loi sur la criminalisation du colonialisme, allant à contre-courant de son camarade et non moins président de l'APN, M. Ziari. Il ira jusqu'à dire que les propos de Ziari relèvent de la politique. «Quant à nous, nous utiliserons ce texte au moment voulu.» Abderrahmane Belayat s'est également prononcé, au nom de son parti, sur la sécurité dans le Sahel et le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. F. A.