Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Constantine A. Lemili Le bien-fondé du jumelage entre des villes algériennes et françaises ne peut mieux trouver leurs tenants et leurs aboutissants qu'avec les expériences tentées par la wilaya de Constantine à travers celles de Khroub-Mulhouse et Constantine-Grenoble dont les trajectoires, sur le plan de l'impact et plus particulièrement des avantages tirés sont, on ne peut plus contradictoires.Il y a lieu quand même de rappeler qu'à leur origine ces jumelages ont eu pour détonateur un rapprochement anodin entre des associations de jeunes entre la ville de Grenoble et Constantine initié durant l'été 1974 par deux membres d'une même famille plus ou moins cheville ouvrière du mouvement associatif local. L'un vivant en Algérie et l'autre en France. Si pour le côté de nos compatriotes nés et résidant sur le territoire français, voire de jeunes Français, les difficultés ne se posaient pas en termes d'adhésion officielle ou d'aide de la municipalité concernée, il n'en était pas de même du côté algérien. Pourtant, côté algérien et plus précisément constantinois, le maire en exercice à l'époque avait pleinement souscrit à cet échange fructifié les années qui suivront jusqu'au début des années 1980 pour tomber dans les oubliettes jusqu'à la fin des années 1990 où, mais cette fois-ci dans une autre commune en l'occurrence Khroub, le Pr Aberkane mettant à profit son entrisme dans l'OMS, dont il était membre du bureau exécutif, relançait pour la commune du Khroub un jumelage avec la ville de Mulhouse. Quant au choix de cette ville précisément, il nous dira que «c'est le maire même de Mulhouse qui l'a sollicité, il s'agissait en l'occurrence de Jean-Marie Bockel. La réputation du Khroub avait dépassé les frontières suite à la tentative de fraude électorale de l'époque. Par ailleurs, ce jumelage a été effectif pour un certain nombre d'autres villes grâce au ministre de l'Intérieur algérien qui avait initié une rencontre nationale avec de nombreux élus européens au cours de l'année 1999. Nous pouvons vous dire que la ville du Khroub n'a eu toujours qu'à gagner dans ce jumelage» Là, les actions, contrairement à ce qui n'a jamais eu lieu dans celui (jumelage) entre les villes de Grenoble et Constantine, allaient être plus concrètes dans la mesure où elles étaient quantifiables et financièrement vérifiables. Il s'agissait d'un projet intitulé : Coopération sur le thème de l'hygiène du milieu. La convention prenait effet en 2000 et le champ d'intervention visait à organiser la collecte des déchets afin de préserver la nappe phréatique. Sur le terrain, l'étude de faisabilité sera réalisée, déterminant «des dysfonctionnements préjudiciables à la qualité du service» selon un premier rapport qui préconisera que «(…)au-delà des problèmes techniques pour lesquels les solutions existent, une réflexion sur l'environnement administratif et la gestion du système s'impose». L'objectif étant alors de «renforcer les capacités de maîtrise d'ouvrage de la ville du Khroub afin d'améliorer les conditions d'approvisionnement en eau et l'entretien du réseau d'assainissement». Ainsi des formations seront assurées à Mulhouse pour le personnel algérien, un acheminement de matériel déclassé sera acheminé vers la ville du Khroub et accompagné aussi d'un déplacement de techniciens pour l'entretien des véhicules. Un bilan définitif de l'action sera fait fin 2008 par le directeur du service des eaux de Mulhouse. De bout en bout, et selon un montage financier, l'opération aura coûté côté français 54 690 euros et zéro dinar, côté algérien.Ce qui n'est nullement le cas pour la commune du chef-lieu de wilaya où les gesticulations allaient le disputer à l'esbroufe et surtout aux grands mots sans réelle portée sur le cadre de vie des habitants. Les représentants des médias, parce que ne maîtrisant pas la question et se contentant plutôt des communiqués officiels, allaient contribuer à une véritable campagne de désinformation décennale sur des actions qui n'ont jamais eu lieu, sinon si tant est qu'elles aient été effectives, n'ont concerné en réalité que des échanges physiques entre délégations et entre les deux pays où tout le monde venait ou allait s'offrir du bon temps sans plus. Sur cet aspect précis de la question, M. Mezaouda, élu FLN (APW) nous confiera : «Nous n'avons jamais eu à constater quelque chose de palpable de ce jumelage qui n'est matérialisé que par les déplacements de délégations lesquels, en général, sont conclus par des déclarations d'intention sans plus».Soulignons que les grands axes du jumelage sont : coopération technique en matière d'assainissement, informatisation de l'état civil, traitement des déchets, voirie-circulation, partenariat entre le planning familial de Grenoble et son homologue constantinois et les associations de femmes, mise en place d'un cyber-jumelage entre deux écoles de part et d'autre.Au crédit de ce jumelage, il faudrait toutefois retenir la participation d'éminents spécialistes des sciences à différents colloques organisés à Constantine. Sans plus. Le dernier déplacement d'une délégation a eu lieu à l'occasion du 10ème anniversaire du… jumelage où une délégation conduite par A. Boudiaf, précédent wali de Constantine, a séjourné du 26 au 29 mai 2010 à Grenoble. Un mois plus tard au palais de la culture Malek- Haddad et devant les représentants de la société civile, le même wali rapportait les bonnes intentions de l'administration grenobloise à l'endroit de Constantine, évoquant bien des projets. Or, selon ce qui est dit sur le site du consulat de France, «la visite a été couronnée par la signature de deux conventions portant respectivement sur la réalisation d'un programme triennal de coopération décentralisée (sic) et sur les échanges dans le domaine des contes et de la production locale (re-sic)». Au chapitre de la communication ésotérique, difficile de faire plus performant.Exception faite de ces contacts officiels, quelques incursions d'associations civiles ont bien été tentées, certaines ont abouti, matériellement existé notamment dans le domaine culturel mais n'ont jamais eu longue vie.