Voulez-vous nous rappeler qui sont les «sayanim» ? Les sayanim – informateurs en hébreu – sont des Juifs de la diaspora qui, par «patriotisme», acceptent de collaborer ponctuellement avec le Mossad, ou autres institutions sionistes, leur apportant l'aide nécessaire dans le domaine de leur compétence. Comment avez-vous eu l'idée d'écrire sur les sayanim ? C'est la conjugaison de plusieurs éléments. La lecture de tout livre sérieux sur le Mossad montre l'importance essentielle de ces citoyens juifs qui décident de travailler pour les services secrets israéliens… Et je suis sidéré, presque fasciné, par la puissance médiatique du lobby pro-israélien. Et comment il arrive à faire entrer dans les esprits, jusqu'à devenir des banalités admises, des concepts comme «la seule démocratie de la région», ou tellement aberrants, comme «assurer la sécurité d'Israël». Quel est leur nombre ? En France, ils seraient près de 3 000. Ostrovski, ex-agent du Mossad, estime leur nombre à 3 000 rien qu'à Londres. On peut imaginer leur importance aux Etats-Unis. Mais le «réservoir» est infini… Ces agents juifs n'interviennent-ils que dans des cas d'espionnage ? Pas du tout. Les sayanim interviennent aussi et surtout dans les manipulations médiatiques. D'ailleurs, le Mossad possède un département important, appelé le LAP, pour «guerre de propagande». Il me revient un exemple historique. Rappelez-vous le film Exodus. Il a réécrit l'histoire de 1948 et imposé la vision sioniste pour au moins une génération. Et cet épisode du Grand Orient ? Je l'ai vécu, car j'ai été franc-maçon pendant près de 17 ans. En 2002, au plus fort de la seconde Intifadha, des francs-maçons juifs ont décidé de créer une loge juive et sioniste. Cela n'était pas dit expressément, car c'est contraire à l'éthique maçonnique, mais dans les faits cela revenait au même… les juifs partis des pays arabes, souvent à l'instigation du Mossad. Et chaque année, la loge organise un «voyage d'information» en Israël, encadré par des fonctionnaires du ministère israélien des Affaires étrangères. On retrouve curieusement SOS Racisme. Pourquoi ? Pour moi, cette organisation sert de courroie de transmission aux idéologies sionistes. Sa proximité incestueuse avec l'UEJF, un des piliers du soutien à Israël, en est une illustration. Jamais SOS Racisme n'a lancé par exemple une campagne contre l'occupation israélienne, alors qu'elle se démène contre le Soudan. En occupant le terrain, grâce à des subventions généreuses, SOS Racisme empêche l'émergence d'autres organisations antiracistes plus proches des exigences de la majorité de ses membres. On entend d'ailleurs plusieurs voix, dont celle de Joey Star, réclamer une autre organisation antiraciste, issue des quartiers, et les représentant légitimement. Extraits de l'entretien avec Jacob Cohen (www.alterinfo.net)