Entretien réalisé par notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur La Tribune : Dans quelle situation avez-vous trouvé l'entreprise Denitex que vous dirigez depuis quelques mois ? Ouadah Miloud : Tout ce que je peux affirmer, c'est que le départ massif et volontaire du personnel qualifié a rendu la situation difficile. A cela s'ajoutent les prix du coton, considéré comme matière première à l'échelle mondiale où le prix du kilo est cédé à environ 3, 7 dollars. Ceci dit, pour faire face à la pénurie de coton, certains pays comme l'Inde ou le Pakistan, producteurs et consommateurs de coton, ont décidé de limiter leurs exportations de cette nature pour soutenir le secteur de l'habillement local en Inde. Donc, et selon les économistes, la pression sur les prix du cette matière ne devrait pas significativement retomber en 2011, du moins dans la première partie de l'année. En plus de ces facteurs, il y a lieu de souligner la vétusté des métiers, au nombre de 360, puisque ces derniers sont opérationnels depuis 1980, ainsi que les dépenses concernant le volet social… Si l'on comprend bien, vous avez exposé les motifs en demandant un investissement dans le cadre du plan investissement 2011 ? Absolument, vu la situation actuelle de l'entreprise, en exploitation depuis le début des années 80, et dans des conditions peu adaptées, marquées le plus souvent par un approvisionnement minime en matière de pièces de rechange, puisque l'équipement est vétuste. Denitex nécessite, comme nous l'avions mentionné, 220 millions de dinars afin qu'on puisse rénover une vingtaine de cardes de coton, deux bobinoirs, l'achat de douze métiers à tisser, trois machines à coudre, ainsi que rénoverpartiellement les équipements liés au finissage. Sur le plan de la qualification du personnel, on a jugé utile d'accorder près de 5 millions de dinars pour la formation continue par l'apprentissage. Qu'en est-il de la production et de la certification ISO 9001 version 2008 ? Denitex consolide ses acquis en expérience sur un marché encore appelé à se développer et passe à une étape nouvelle de sa vie en répondant à des clients exigeants. Donc, le complexe est certifié ISO 9001 version 2008 depuis presque trois années, nous ferons de notre mieux pour améliorer la qualité. Sur le plan production, Denitex a produit durant cette année, c'est-à-dire à ce jour fin novembre, pas moins de 260 000 mètres linéaires dont 60 pour cent ont été vendus au corps militaire, et le reste a été destiné aux entreprises publiques et privées. Dire par là que le chiffre d'affaires de l'année 2010 est de 76 milliards de centimes en TTC (65 milliards de cts H.T). Vous avez soulevé le problème de frais financiers de banque. De quoi s'agit-il au juste ? Les frais financiers de banque restent une grande charge pour l'entreprise. Il s'agit, pour être clair, des intérêts estimés à 30 pour cent sur le chiffre d'affaires, et un montant d'une moyenne de 12 milliards de centimes par an, c'est tout de même beaucoup. Pourtant sur le plan impôts et taxes, nous sommes à jour. Et il est demandé aux responsables de la banque de revoir le taux d'intérêt retenu. Denitex dispose d'un centre de formation et a procédé à la création de nombreux emplois. Quels en sont les avantages ? En effet, durant cette année, pas moins de 200 emplois ont été créés, et le complexe dispose d'un centre de formation, encadré par trois formateurs. Il y a actuellement une soixantaine d'ouvriers en formation. Cette action s'inscrit dans le cadre de créer de la main-d'œuvre qualifiée, puisque l'évolution industrielle demande de la qualification. Si aujourd'hui, Denitex de Sebdou compte un effectif de 750 ouvriers, c'est parce qu'il a la ferme intention de se tailler sa place d'antan, lui qui exportait ses produits vers l'Europe notamment la Russie via le port de Vlasova. Que prévoit l'entreprise pour 2011 ? Dès l'année prochaine, on lancera la production de tissu ignifuge, et on accroîtra la productivité à 3 millions de mètres linéaires afin d'atteindre l'objectif d'un chiffre d'affaires de 830 millions de dinars. Il est de notre devoir de nous atteler à redonner toute la puissance à ce complexe textile pour qu'il redevienne un véritable fleuron de l'industrie textile en Algérie. Denitex tente de s'adapter en mettant en place des stratégies de réactivité, car le secteur du textile occupe une place de choix dans l'économie algérienne. Dire par là que Denitex de Sebdou doit innover. Il s'agit de rendre l'entreprise textile capable d'offrir au client le produit unique qu'il désire. Mais, pour mieux affronter l'avenir, l'entreprise textile de Sebdou doit changer de modèle pour garantir sa pérennité, ce qui nécessite des outils de production de plus en plus performants permettant de spécifier les caractéristiques et les mesures souhaitées dans les plus brefs délais.