Quelques mois après l'assassinat d'un des pères du nucléaire iranien, deux autres attentats séparés ont visé hier deux autres scientifiques tuant l'un et blessant grièvement l'autre. Les deux physiciens visés avaient des responsabilités importantes dans le programme nucléaire iranien, et des liens avec le ministère de la Défense. Les épouses des victimes ont également été blessées, ont annoncé les médias iraniens attribuant ces attaques à des agents israéliens. Le professeur Majid Shariari, enseignant de physique à l'université Shahid Beheshti de Téhéran et membre de la Société nucléaire d'Iran, a été tué par une bombe collée contre sa voiture par deux motocyclistes alors qu'il circulait dans le nord-est de Téhéran, selon l'agence Fars. Sa femme a été blessée dans l'explosion. Le professeur Fereydoun Abbassi, physicien spécialiste des lasers, a été blessé avec son épouse lors d'une attaque similaire contre sa voiture devant l'université Shahid Beheshti où il est également enseignant, selon les médias iraniens. L'agence Fars a affirmé que cet attentat s'était produit selon «la même méthode» que celui ayant visé M. Shariari. «Lors d'une action terroriste criminelle, des agents du régime sioniste ont attaqué deux professeurs éminents qui se rendaient à leur travail», a affirmé la télévision d'Etat sur son site internet. «Le Dr Majid Shahriari a été tué et sa femme blessée. Le Dr Fereydoun Abbassi et sa femme ont été blessés», a confirmé la même source. Selon l'agence officielle Irna, M. Shahriari était membre du département d'ingéniérie nucléaire de l'université Shahid Beheshti, l'une des universités les plus réputées de Téhéran.Le site conservateur Mashreghnews a précisé pour sa part que M. Abbassi possédait un doctorat de physique nucléaire et faisait de la recherche pour le compte du ministère de la Défense iranien. Selon la même source, il serait «l'un des rares spécialistes iraniens de la séparation des isotopes». Plusieurs scientifiques iraniens ont été victimes d'attentats ou de disparitions inexpliquées au cours des dernières années. Le dernier attentat en date, le 12 janvier, a tué Massoud Ali Mohammadi, physicien de renom qui enseignait à l'université de Téhéran mais travaillait également pour le corps des gardiens de la révolution (Pasdaran, élite des forces armées iraniennes). M. Mohammadi a été tué par l'explosion d'une moto piégée alors qu'il sortait de son domicile, un mode opératoire inhabituel en Iran et attribué par les autorités à Israkl.Le programme nucléaire iranien est au cœur, depuis plusieurs années, de vives tensions entre l'Iran et les pays occidentaux qui accusent Téhéran de chercher, malgré ses dénégations, à se doter de l'arme atomique. L'Iran est sous le coup de plusieurs condamnations du Conseil de sécurité de l'ONU et d'importantes sanctions économiques internationales visant notamment son secteur bancaire et pétrolier. Israkl et les Etats-Unis n'ont pas exclu pour leur part une opération militaire pour stopper le programme nucléaire iranien si la diplomatie et les sanctions s'avéraient inefficaces. Ce qui fait dire, sans nulle hésitation, que le Mossad et la CIA, les services de renseignement israélien et américain, sont derrière les attentats hier à Téhéran contre deux scientifiques responsables du programme nucléaire iranien, a affirmé le ministre de l'Intérieur cité par le site de la télévision d'Etat. Pour le ministre de l'Intérieur Mostafa Mohammad Najjar «le Mossad et la CIA» destinés selon lui à «stopper nos progrès scientifiques», sont les principaux responsables de ces attentats. «Cet acte de terrorisme désespéré [...] montre leur faiblesse», a-t-il affirmé tout en avertissant contre ce «jeu avec le feu». Le bureau du président Mahmoud Ahmadinejad a, lui aussi, dénoncé dans un communiqué «les sionistes terroristes et leurs arrogants défenseurs» occidentaux.