Photo : Hacène Par Salah Benreguia Même si le secteur des assurances enregistre, dans sa globalité, des performances, certains de ses segments en sont cependant encore au stade embryonnaire. Les statistiques du dernier bilan du Conseil national des assurances (CNA), parlent d'elles-mêmes. Elles mettent même à nu le fossé qui sépare certaines activités ou branches du secteur, pourtant porteur. En effet, le chiffre d'affaires du secteur des assurances s'est établi en hausse au premier semestre 2010 à 43,7 milliards de dinars, contre 38,2 milliards durant la même période 2009, soit une progression de 14,4 % et un taux de croissance de 13,2 %, selon les chiffres du CNA. La branche automobile continue à dominer le secteur des assurances. Durant le premier semestre de l'année en cours, cette branche a représenté 48% du chiffre d'affaires du secteur avec 21 milliards de dinars.Ainsi, malgré la baisse des importations de véhicules qui s'est poursuivie au cours du premier semestre 2010, et qui a réduit sensiblement les ventes des constructeurs, la branche automobile, reste-t-elle la plus rentable pour le secteur des assurances. Toutefois, la baisse la plus sensible a touché l'assurance crédit comparativement à la même période de 2009. Elle est de l'ordre de 50% (190,7 millions de dinars). Pis, toujours selon le bilan de cet organisme, les entreprises spécialisées en assurance crédit (SGCI et CAGEX) ne représentent que 0,3% du marché. L'autre chiffre qui retient l'attention est que, sur un millier d'exportateurs algériens, seulement 100 sont assurés par la Cagex, pourtant créée en 1996 pour promouvoir les exportations algériennes. Les spécialistes en la matière imputent ce mauvais résultat au recul des assurances du crédit immobilier et du crédit à la consommation qui a marqué des baisses respectives de 79 et 63%. Mais pas seulement ça. Car, au niveau de l'un des organismes spécialisés dans ce type d'assurance, en l'occurrence la Compagnie algérienne d'assurance et de garantie des exportations (Cagex), on a estimé, il y a quelques années, que le recours «timide» des exportateurs à la Compagnie algérienne d'assurance et de garantie des exportations (Cagex) pour assurer et garantir leurs opérations commerciales ne relève pas seulement de la responsabilité des opérateurs économiques algériens, mais aussi à «la Cagex qui n'a pas assez communiqué».Pourtant la souscription à une police d'assurance crédit export ouvre généralement à l'exportateur les portes du refinancement bancaire local et lui permet, par conséquent, d'assortir ses offres de ventes de conditions de paiement attractives. La compétitivité de ses offres en est substantiellement renforcée. Au niveau des experts, on affirme que l'étude de la solvabilité de l'acheteur à travers la banque de données de la Cagex constitue pour l'assuré un important avantage au plan de la prévention des risques. L'appréciation par la Cagex d'une demande de garantie ou d'agrément sur un acheteur, permet à l'opérateur de sélectionner sa clientèle de manière objective et judicieuse. «La garantie Cagex est une sécurité indiscutable pour ses assurés. Elle s'étend au dédommagement des conséquences d'interruption ou d'arrêt définitif d'un marché», nous a affirmé un expert. Nécessité de sécuriser les paiements En annonçant, il y a quelques jours, la commercialisation en 2011 de deux nouvelles polices d'assurance, l'une relative aux opérations de crédit documentaire (Credoc) et l'autre aux investissements, le P-DG, Djilali Tariket, lors d'un point de presse, a fait savoir que la Cagex, créée dans le cadre de la mise en place du dispositif de soutien à l'export, fait, logiquement, partie des instruments destinés à développer l'export, à sécuriser les exportations pour aller dans les marchés à risques avec des avantages concurrentiels. «L'octroi de crédits bancaires, les délais de paiement sûrs, cela ne serait pas possible sans l'existence d'une institution de garantie. L'expérience montre que, s'il y a des produits qui arrivent à se placer, les exportateurs rencontreraient des problèmes, notamment en matière de paiement», selon M. Tariket. C'est dire l'importance d'une assurance crédit dans le cas notamment des exportations. S'agissant des deux nouveaux produits cités ci-dessus, le premier responsable de la Cagex estime que cette démarche permettra de mettre à la disposition des banques, établissements financiers et investisseurs de nouvelles couvertures d'assurances en adéquation avec les nouveaux risques, tels que la solvabilité des banques émettrices de lettres de crédit à travers le monde, exposées plus que jamais aux faillites. Deux types de risques seront couverts par l'assurance Cagex, selon la même source. Il s'agit des risques commerciaux relatifs notamment à la carence, à la cessation de paiement et au règlement judiciaire, ainsi qu'à la faillite de la banque émettrice. Les risques non commerciaux sont également concernés par le nouveau produit, qui devra couvrir «tout acte ou décision du gouvernement de la banque émettrice faisant obstacle au transfert de devises ou toute intervention, redressement ou poursuite de cette banque par les autorités gouvernementales», a-t-on encore expliqué. En cas de non-paiement par la banque à l'échéance convenue, la Cagex, poursuit son P-DG, indemnise l'exportateur à hauteur de 90% du montant des pertes subies. Pour satisfaire ces nouveaux besoins financiers, la Cagex sera accompagnée par ses deux principaux partenaires que sont l'Iciec (compagnie islamique pour l'assurance des investissements et la garantie des exportations) et l'Aiecgc (compagnie arabe ayant la même vocation). «Nous voulons être partie prenante dans l'assurance Credoc et la garantie des IDE en Algérie parce que c'est un marché que nous connaissons bien et que nous jugeons prometteur», selon les responsables de cette compagnie. Filiale de la Banque islamique du développement (BID), Iciec assure depuis cinq ans les projets d'une société pharmaceutique jordanienne activant en Algérie.