Le secteur des assurances en Algérie a enregistré une nette évolution ces dernières années. Au cours du deuxième trimestre de l'exercice écoulé, le chiffre d'affaires réalisé est de l'ordre de 17,1 milliards de dinars, alors que celui du 2ème trimestre de la même période de référence, dépasse légèrement les 12 milliards de dinars, soit plus de 40,1%. Selon les dernières statistiques du Conseil national des assurances (CNA), pas moins de 65 milliards de dinars de chiffre d'affaires, soit près de 1 milliard de dollars, ont été réalisés durant l'année écoulée. Au delà de ces chiffres qui connaissent, on le sait, une courbe ascendante, le marché algérien des assurances reste encore modeste comparé au potentiel du pays. En effet, ce secteur ne représente qu'environ 0,6 % du PIB national, et nos voisins marocains et tunisiens se situent dans une fourchette comprise entre 1,5 et 2,5%. Alors que la moyenne mondiale est de l'ordre de 7%, le secteur des assurances dans les pays développés avoisine les 14%. Pis, selon les responsables du CNA, la contribution des assurances dans l'investissement en Algérie n'a pas dépassé les 3%; en revanche, cette activité participe à hauteur de 70% dans les investissements dans les pays développés. Soit beaucoup plus que les banques ! Selon le secrétaire national du CNA, Abdelmadjid Messaoudi, ces chiffres indiquent tout le chemin qu'il reste à faire pour que notre pays construise un marché de l'assurance en rapport avec ses capacités économiques. Les spécialistes imputent ce «retard» notamment au fait qu'un bon nombre d'entreprises ne sont pas assurées. Pis, certaines compagnies d'assurances parlent de l'absence d'une «culture» des assurances chez les Algériens. Pour celles-ci, la quasi-totalité du parc de logements national et des commerces et industries n'est pas assurée contre les risques majeurs. Alors que «l'assurance est un indicateur du degré de développement d'un pays sur les plans économique, social et culturel», selon M. Messaoudi. Toutefois, en plus de ce constat alarmant, depuis sa libéralisation en 1995, le secteur des assurances en Algérie compte maintenant pas moins de 17 compagnies alors qu'au milieu des années 1990, il n'a pas dépassé 6 opérateurs. C'est dire tout de même que cette activité connaît une croissance importante au cours de ces dernières années. Sur ce point, le secrétaire général du Conseil national des assurances, dans une récente déclaration à la presse, a déclaré que plusieurs facteurs ont contribué à ce développement. Il citera, entre autres, les bons indicateurs macroéconomiques du pays ainsi que l'ambitieux programme d'investissement établi par les pouvoirs publics. Cependant, laisse entendre la même source, le revers de la médaille est caractérisé par la faiblesse des rémunérations (taux d'intérêt faible) et l'insuffisance des placements alternatifs comme l'assurance-vie, lesquels s'ajoutent au marché informel. Lorsque l'IARD se taille la part du lion Contrairement aux années précédentes, l'exercice 2008 a dérogé à sa règle, en ce sens que c'est la branche IARD (incendie, accidents et risques divers) qui a enregistré la meilleure performance. En effet, comparativement à l'année 2007, cette branche a réalisé le meilleur chiffre d'affaires avec, à la clé, un taux de croissance de 56% et une contribution à la production additionnelle du secteur de près de 67%. «La sous-branche des risques industriels a contribué fortement à cette augmentation grâce, en premier lieu,à l'assurance incendie qui a connu une hausse de plus de 80%. Les risques simples ont par ailleurs été marqués par une importante hausse de plus de 30%, mais n'ont réalisé que près de 9% de la production additionnelle de la branche, du fait de leur part moins importante», a expliqué le secrétaire national du conseil, Abdelmadjid Messaoudi, lors de la présentation du bilan de son secteur au mois de décembre dernier. La même source a souligné que cette hausse est également justifiée par l'apport de la branche «engineering», suite à la signature de plusieurs contrats, notamment ceux des grands projets réalisés, entre autres, dans le cadre du programme de relance économique initié par les pouvoirs publics. En seconde position, vient la branche «assurance automobile» avec une part de 42,7% et un taux de croissance de 23,4%. Ce taux de croissance est enregistré grâce à l'évolution continue de cette branche, traduite, elle aussi, par le nombre croissant du parc automobile qui «est principalement financé par les banques et la prescription associée des garanties tout risque». La branche «assurance de personnes» a également enregistré une progression de +22%, liée principalement à la souscription de contrats d'assurance-vie, «remboursement crédit», exigée par les banques dans le cadre d'octroi des crédits à la consommation. L'assurance groupe, qui accompagne en général les contrats souscrits par les grandes entreprises, a aussi contribué au développement de la branche, note le Conseil national des assurances. Par ailleurs, le développement du crédit à l'immobilier est considéré, pour la ladite période, comme un facteur essentiel des augmentations enregistrées dans la branche «assurance crédit», alors que le crédit à la consommation a connu une baisse dans la production. «Avec une perte de près de 6 points, l'assurance automobile perd sa première position, passant de 48,5% en 2007 à 42,7% en 2008. A contrario, la branche IARD, qui a enregistré plus de 9 points de pourcentage supplémentaires par rapport à la même période de l'année précédente, passe de 33,3% en 2007 à 42,5% en 2008», indique le dernier bilan du CNA. 2009, ou l'arrivée de nouvelles compagnies étrangères Avec une douzaine d'assureurs agréés et pas moins de 450 agents généraux et 25 courtiers, le secteur des assurances en Algérie verra cette année la venue de nouveaux assureurs étrangers, notamment français. Ainsi, et selon M. Latrous, président de l'Union algérienne des assureurs et des réassureurs (UAR), le marché algérien des assurances, en dépit du retard et des insuffisances constatés, «est convoité par des compagnies d'assurances étrangères qui sont en train de penser à s'installer chez nous». «Cela va booster le marché et permettra d'augmenter nos capacités en matière de chiffre d'affaires», a ajouté la même source durant la présentation de la note de conjoncture de ce secteur. Une question revient tout le temps à l'esprit : le secteur des assurances est-il, quant à lui, à l'abri de la crise financière mondiale ? Les responsables de ce secteur se sont montrés très optimistes sur ce sujet. Ils ont même indiqué que les assurances en Algérie sont «relativement à l'abri des conséquences de la crise financière mondiale». «Le secteur des assurances en Algérie est, pour le moment, relativement, à l'abri des conséquences de cette crise», expliquant que les compagnies nationales d'assurances, traitant notamment avec des groupes européens, «ont réussi à se protéger grâce à leurs mesures préventives». S. B.