à l'approche de chaque mois de Ramadhan, les prix des produits de large consommation subissent une hausse vertigineuse, allant jusqu'à accentuer l'angoisse du citoyen livré à un marché qui perd subitement le minimum de pitié qui subsiste entre les étals. La viande est parmi les aliments les plus demandés par le citoyen pendant ce mois qui voit les Algériens vouloir –souvent sans en avoir les ressources financières nécessaires- améliorer la qualité de la soupe. Face à la demande qui devient pour la circonstance plus grande, les bouchers ne trouvent pas d'inconvénient à augmenter les prix jusqu'à atteindre le seuil de l'inabordable pour des salariés faiblement rémunérés. Dès qu'une telle situation s'installe, c'est l'intervention de l'Etat qui devient nécessaire. Elle a pour objectif de maintenir les prix au niveau qui permettrait au citoyen de mettre un peu de viande dans son couffin au retour du marché. Privilégiant des mesures sans consistance et des interventions de conjoncture, le gouvernement n'arrive plus à maîtriser l'évolution d'un marché à la fois porteur et indicateur du niveau de vie de la famille algérienne. En plus du fait que les mécanismes de régulation peinent encore à devenir opérationnels, constat affirmé par ailleurs par les spécialistes du marché, on a pris maintes fois des décisions qui ne répondent nullement à un diagnostic fiable sur un créneau qui ne manque pas pourtant d'atouts pour son développement. L'exemple le plus édifiant quant à l'incapacité des responsables du secteur à régler le problème est cette nouvelle constante portant suspension et réhabilitation de l'importation de la viande. Suspendue au mois de mai dernier, le gouvernement vient de libérer l'importation de la viande fraîche dans l'espoir d'éviter une flambée des prix aux conséquences que nul ne souhaite. Pourtant, le recours à la carte de l'importation n'a jamais été une solution définitive et durable pour un problème qui revient de manière cyclique. Car, quand bien même le palliatif de conjoncture participerait dans la réalisation des objectifs souhaités, il n'en demeure pas moins que le problème restera encore posé dans le fond. D'où l'impératif de passer à l'étude des différentes étapes de la question (production, contrôle et distribution), avant de procéder à des mesures dont l'effet ne serait qu'un ajournement de la crise. Dans le cas précis du marché de la viande, les pouvoirs publics sont tenus plus que jamais de réunir les conditions favorables à même d'encourager l'éleveur à produire plus. A la question de savoir quelles seront les mesures à prendre pour contenir la tension qui naît durant le mois de Ramadhan, le ministre de l'Agriculture avait déclaré qu'«il est inconcevable de constater que le prix de la viande ovine varie d'une région à une autre. Il est élevé dans les grandes villes et bas à l'intérieur du pays, notamment dans les régions où il y a une forte concentration d'éleveurs», avant d'ajouter que «la démarche consistera à créer des stocks envif et en congelé. Nous allons cerner tous les éléments partie prenante afin que tout soit clair pour une mise en place efficace de l'outil de régulation». Si apaisantes soient-elles, les mesures prévues par la tutelle ne sauraient être efficaces dans la durée sans la valorisation du rôle du producteur. A. Y.