L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) s'est réunie, hier à Quito, en Equateur, en conférence extraordinaire pour étudier le marché et décider d'un remodelage ou non de ses quotas de production. Mais tout portait à croire que l'Organisation viennoise allait maintenir inchangés ses volumes de production. Un consensus a été dégagé, ou presque, bien avant le début de cette rencontre. La conférence extraordinaire, tenue à la demande de l'Equateur, un pays qui tient les commandes de l'Opep actuellement, ne devait pas déboucher sur quelque chose d'extraordinaire en termes de décisions, les cours de l'or noir évoluant dans une fourchette raisonnable, de l'avis de nombre de spécialistes de marchés et de certains pays Opep, l'Arabie saoudite en tête. A la veille de cette rencontre, le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al Nouaïmi, chef de file de l'Organisation pétrolière, cité par des agences de presse, a assuré «qu'aucun changement» n'était à attendre. Un pronostic réaffirmé d'ailleurs par les ministres de l'Angola, des Emirats arabes unis, ainsi que par le chef de la délégation libyenne Choukri Ghanem. Il faut dire que cette conférence extraordinaire est sans enjeu, et nous voulons pour preuve l'absence de quatre ministres (Nigeria, Koweït, Qatar et Irak). Ces derniers n'ont pas fait le déplacement à Quito. L'Opep, qui regroupe douze pays et pompe quarante pour cent du pétrole mondial, devait reconduire pour la septième fois ses quotas de production fixés à 24,84 millions de barils par jour (mb/j) depuis le 1er janvier 2009. Après avoir flambé jusqu'à dépasser 147 dollars en juillet 2008, le prix du baril s'était effondré avec la crise économique mondiale, chutant jusqu'à 32 dollars en décembre de la même année : un signal d'alerte qui avait décidé l'Opep à resserrer drastiquement les robinets pour faire remonter les cours. Les prix du brut, qui évoluaient depuis le début de l'année entre 70 et 80 dollars, ont accéléré leur progression depuis octobre, jusqu'à s'envoler au-delà des 90 dollars à New York pour la première fois depuis plus de deux ans. Mais cette récente envolée ne devrait pas changer la donne : plusieurs membres de l'Opep, emmenés par l'Arabie saoudite, se sont efforcés vendredi dernier de la relativiser. Optimiste, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole prévoit une reprise de la demande mondiale de pétrole tirée par des pays émergents comme la Chine et l'Inde, des prévisions qui ne s'éloignent pas de celles établies par l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Y. S.