La deuxième soirée du Festival culturel international de musique symphonique (FCIMS) qui s'est déroulée, vendredi dernier au Théâtre national algérien (TNA), était ponctuée d'intenses moments musicaux, avec au menu l'ensemble «Musique et chant de la Corée», le quatuor à cordes «Ricochets» d'Ukraine, l'ensemble «Permutations» du Mexique et l'orchestre symphonique de Syrie.Les musiciens de l'ensemble de «Musique et chant de la Corée» ont plongé le public dans un océan de romantisme grâce à la virtuosité des interprètes. Ainsi, la pianiste Gabrielle Yoonseong Guyonne, les violonistes Da-Kim, Ok-Kyung Han, Yang Jeong Ha jin et la violoncelliste You Ji Eun, ont séduit l'assistance par leur talentueuse interprétation du pétillant Quintette en mi bémol majeur Op.44 de Robert Schuman. Ils ont également fait découvrir aux personnes présentes le compositeur Sun A Lim avec les partitions Sur la plage et Matin. Pour sa part, la soprano Kim Ji Soo a envoûté le public par sa voix cristalline en interprétant deux morceaux lyriques, dont un de la regrettée la Callas, qui a placé la barre d'interprétation très haut, en l'occurrence Oh moi Babbino de Puccini et Je veux vivre, extrait de Roméo et Juliette du compositeur Gounod. La soprano coréenne a relevé le défi avec brio, en partageant avec l'assistance cette ivresse des émotions qui se conjuguent avec la douce fragilité de l'être en proie aux sentiments les plus profonds. Sa voix résonnait tel un écho auprès du public qui écoutait dans un silence religieux, semblant répondre en chœur à Kim Ji Soo qui chantait avec sa voix d'or : «Je veux vivre ; Dans ce rêve qui m'enivre ; Ce jour encore, Douce flamme, Je te garde dans mon âme ; Comme un trésor !» A la dernière note, les artistes coréens ont été ovationnés par un tonnerre d'applaudissements.Le quatuor à cordes «Ricochets» composé de Mykhaïl Bilych, Andri Pavlov, Andri Maki, Igor Patsovsky, dont le principal objectif est «la diffusion de l'esprit d'amour et d'amitié grâce à la musique classique», a atteint cet objectif auprès des mélomanes présents grâce notamment à leur chaleureuse interprétation des compositions de Glier, de Schubert et d'Ali Sade dont ils ont fait découvrir le quartette d'instruments à cordes intitulé Mugam-Sajahy.La note ensoleillée imprégnée des rythmes entraînants et lancinants d'Amérique latine, et plus précisément du Mexique, était également au répertoire des morceaux interprétés par l'ensemble Permutations du Mexique. Les amateurs de musique symphonique ont ainsi apprécié ou pu découvrir l'ingéniosité de compositeurs mexicains ou hispaniques, à l'instar de Manuel Ponce, de Merle Issac, de Macedonio Acalà, de José Pablo Moncayo ainsi qu'une adaptation de Manuel Sandoval de l'ensemble de danse «Popurri» de la révolution mexicaine. L'harmonie qui naît de la fusion entre la poésie et la musique symphonique était également présente dans la talentueuse interprétation des partitions Poème à Neruda de Blas Galindo et Farolito (petite lumière) d'Agustín Lara.Le summum de la soirée a été, sans conteste, la haute prestation de l'Orchestre symphonique syrien sous la baguette du maestro Missak Baghboudarian qui a subjugué l'assistance par l'interprétation de l'opus 67 du conte musical Pierre et le loup de Serge Prokofiev. L'œuvre qui a été écrite à l'origine en 1936 pour familiariser les enfants avec les instruments de la musique symphonique, connaît depuis des années un énorme succès inaltérable autant chez les plus jeunes que chez les adultes qui apprécient le raffinement suggestif teinté de naïveté, mais d'une grande finesse psychologique. En effet, le génie du compositeur est d'avoir su associer chacun des instruments au caractère d'un des personnages du conte, à l'exemple de la candeur naïve de Pierre exprimée grâce à l'orchestre à cordes, le sombre et envoûtant loup à travers les trois cors et leurs tonalités lugubres et l'expression de l'agilité de l'oiseau par les sonorités cristallines de la flûte traversière. Dans l'adaptation en langue arabe, c'est le talentueux comédien algérien Abdelhamid Zribii qui incarna le rôle du conteur. Avec sa voix puissante dont il modulait les intonations selon les situations, il emmena le public dans le dédale du conte, ponctué d'intermèdes musicaux de la trentaine de musiciens de l'Orchestre symphonique syrien, rivalisant de virtuosité afin de personnifier chacun des actants, incarnant grâce à la musique l'univers féerique de ce conte intemporel. Suite à ce voyage musical au cœur de la magie de la musique symphonique, c'est une standing-ovation qui a salué s'étant tous les interprètes qui se sont produits sur la scène du TNA lors de cette deuxième soirée du FCIMS.Aujourd'hui, dès 19 heures, les mélomanes sont conviés à assister à une soirée pleine de promesses, qui sera animée par des musiciens venus d'Italie, de Russie, de Pologne et de France avec au menu Vivaldi, Mozart, Tchaïkovski, Chopin, Rachmaninov et Haydn. S. A.