A l'approche de chaque saison estivale, le vocable «camping» revient sur toutes les lèvres, particulièrement chez les jeunes qui optent pour ce modèle de séjour au bord de la mer pour y passer quelques jours de loisir et de détente. Une fois le groupe constitué, les candidats au camping entament le débat sur le choix du lieu. La pratique était très répandus durant les années quatre vingt avant de connaître un net recul pendant la décennie qui suivra. L'insécurité qui régnait dans pays depuis 1991 a fait que les gens ne se rendaient pas sur ces lieux. Les estivants ont ainsi reculé devant la menace terroriste jusqu'à ce le «modèle» disparaisse complètement. Les gens ne s'aventuraient pas, en effet, à placer leurs tentes à Boumerdès, à Azeffoun, à Marsa El Kebir ou ailleurs. La peur avait éloigné les Algériens de tous ces espaces de repos, de farniente et de villégiature. sur les plages, il ne faisait pas bon de vivre. Même ceux qui s'y rendaient pour quelques très courts moments le faisaient la peur au ventre. Personne ne s'aventurait à aller vers ses lieux de détente, de farniente et de loisir. Il a fallu que les Algériens vivent une dizaine d'années de peur et de menace avant qu'ils ne retrouvent la quiétude et la sécurité. Aujourd'hui que la situation sécuritaire s'est améliorée, beaucoup de jeunes, voire des familles, posent ainsi leurs tentes sur l'une des plages du pays. Le décor y a sensiblement changé et les estivants sont de plus en plus nombreux à y camper. Le retour de la tradition du camping n'est pas encore général dans le sens que certaines plages de quelques localités subissent encore les méfaits du climat d'insécurité, à l'exemple des plages de Boumerdès où la quiétude n'est pas constamment au rendez-vous. D'où d'ailleurs lé déséquilibre géographique de la réhabilitation de la culture du camping. C'est dire que, si la côte de la capitale des Hammadites n'a presque jamais été boudée par les campeurs, ce n'est pas le cas ailleurs ou l'insécurité fut la hantise de la population. Il est clair que, dans ces contrées, les campeurs ne reviennent pas en grand nombre. Mais avec l'amélioration des conditions de séjour, conjuguée avec de belles soirées d'animation, le flux des campeurs ne tardera pas à avoir lieu. Il est clair que le recours des jeunes au camping a comme objectif de pallier le manque de moyens. Ils se retrouvent, en revanche, contraints de faire face à certains manques, dont l'argent. Il faudrait ainsi à ces jeunes de disposer d'une somme d'argent qui leur permettrait d'acheter les objets nécessaires pour la préparation de leur repas. En se rendant sur le littoral, on constatera que les campeurs sont bien là, en nombre important parfois. On remarquera également que ces campeurs ne viennent pas totalement dépourvus en moyens, mais ils font tout ce qu'ils peuvent pour réunir le nécessaire. «Certes nous partons en camping plus pour l'ambiance que pour autre chose. Cela ne nous empêche pas d'aller demander par ci par là quelques ustensiles et autres outils auprès de nos proches. Pour cette saison, j'ai choisi d'aller à Mostaganem avec mes amis. Ils nous ont tant parlé de la beauté de la ville de Mostaganem, nous sommes alors venus pour voir réellement ce que cachent les plages de cette localité», déclare Amine, un jeune d'El Harrach. Son ami Sid Ali indique néanmoins certaines difficultés qu'ils rencontrent dans les préparatifs précédant le camping. «Ce n'est pas facile de réunir tous les objets nécessaires pour passer un séjour agréable au bord de la mer. Mais nous n'avons pas le choix : nous comptons sur les moyens du bord», dira-t-il. Sid Ali ajoute qu'entre les différents groupes de campeurs un rapport de solidarité et d'entraide s'installe dès que les premiers contacts sont établis. «Sur place, les voisins des lieux viennent nous demander des objets et d'autres outils que nous remettons sans calcul. Idem pour notre part : dès qu'un outil nous manque, nous sollicitons nos voisins. Et jusqu'à présent ça marche, Dieu merci», explique Sid Ali. Dans certaines stations balnéaires de Béjaïa, les campeurs constituent, à mesure que les journées et les semaines passent, une seule famille. Mourad, 30 ans, originaire de Bouira, décrit les rapports. « Je vous assure que j'accède dans la tente de mes voisins même quand ils sont absents. Un rapport de confiance et d'amitié s'est installé parmi nous», dit-il avec un sentiment de satisfaction. L'autre fait qui mérite d'être souligner est la participation de certaines administrations locales dans la réhabilitation du camping. Des Assemblées populaires communales organisent, même de façon irrégulière, des campings dans les stations balnéaires de wilaya. Une opération destinée souvent aux enfants des familles nécessiteuses qui ne peuvent pas goûter au plaisir de la plage avec leurs propres moyens. Une initiative de telle nature suscite souvent un grand engouement auprès des enfants qui en bénéficient ainsi que chez leurs parents heureux de voir les autorités locales offrir à leur progéniture ce qu'ils ne peuvent pas faire eux-mêmes, faute de ressources financières. Les services des assemblées procèdent ainsi à l'installation de camps de toile au niveau du littoral, parfois pendant toute la saison estivale avec une rotation de locataires. Des entreprises publiques, à l'image de Sonatrach et Sonelgaz, organisent des séjours pour les fils des employés sur différentes plages du pays. Les habitants de la commune d'Aokas, dans la wilaya de Béjaïa, sont habitués au mouvement que créent les enfants des entreprises susmentionnées pendant le mois d'août, la période choisie par l'organisateur. Les commerçants des lieux ne cachent pas leur satisfaction de voir ces camps de toile réimplantés chaque été. «Le retour de enfants des employés de ces entreprises ici nous permet d'engranger davantage d'argent. Ils sont devenus nos fidèles clients. En plus de ca, leur présence anime la localité. De notre côté, on s'efforce à répondre favorablement à leur demande», témoigne Azzedine, vendeur de glaces. La réservation de ces espaces à location par des entreprises publiques ne fait pas néanmoins que des heureux. Les jeunes candidats à la location n'apprécient pas le fait qu'ils ne peuvent pas louer dans telle ou telle zone au seul motif que «les espaces sont déjà pris par les entreprise». Les postulants au camping sont également confrontés à des tracasseries administratives dans la mesure où ils sont tenus d'obtenir une autorisation de camping auprès de l'assemblée locale. L'opération était une simple formalité. Ce n'est plus le cas présentement. Les autorités locales ne délivrent pas d'autorisation «sans une enquête préliminaires sur les personnes qui souhaitent placer leur tente au bord de la mer», annonce un fonctionnaire de l'état civil. C'est dire que placer une tente au bord de la mer est loin de constituer une mince affaire pour une jeunesse livrée à elle-même et privée des moindres moyens de distraction. Résultat des courses : le retour en force du camping n'est pas pour demain. A. Y.