Photo : Sahel De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Il y a un peu moins de vingt ans, les plages algériennes étaient envahies, à chaque début de saison estivale, par des tentes de toute taille et de toute nature autant que par des groupes de jeunes ou tout simplement des familles qui campaient pendant une certaine période allant de dix jours à un mois. C'était un peu dur vu le manque d'eau, toutes les habitudes du domicile à reproduire mais il y avait, en contrepartie, le bonheur de changer d'air et de profiter de la fraîcheur de la mer en ces temps caniculaires, surtout quand il s'agit de la chaleur de Tizi Ouzou. De plus, financièrement, le camping était accessible à une majorité des citoyens, y compris les petites bourses. Les familles choisissaient les contrées un peu paisibles pour le séjour en mer, comme les belles plages de Dellys et de Zemmouri, et même Azeffoun et Tigzirt qui avaient à l'époque l'atout d'être situées tout près du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Mais les jeunes n'avaient pas cette tendance à choisir les plages. Pour eux, l'essentiel était de se retrouver en groupe d'amis pour passer de bons moments et s'il fallait changer de plage et même de localité tous les deux ou trois jours, rien ne pouvait les en empêcher. C'est ainsi que de nombreux jeunes ont fait en moins d'un mois une bonne partie du littoral de l'est du pays, de Tigzirt à Collo en passant par Azeffoun et les villes côtières des wilayas de Béjaïa, Jijel et Skikda. Mais, ce genre de balades et de campings n'existe plus depuis le début des années quatre-vingt-dix, période qui a vu l'Algérie sombrer dans une grave crise politique et sécuritaire qui n'a épargné aucune frange de la société. Les localités balnéaires de la wilaya de Tizi Ouzou et même celles de Béjaïa ont résisté quelques années, mais l'insécurité a fini par les atteindre de façon dramatique. Tigzirt aura été la localité qui a le plus souffert de la violence armée, avec des victimes civiles et militaires mais aussi des effets économiques et commerciaux désastreux. Aujourd'hui, l'ex-Omnium semble vouloir panser ses blessures et regarder vers l'avenir. Quelques jeunes «aventuriers» au nombre très réduit ont cependant bravé la peur ces dernières années en allant s'installer en camping «sauvage», du côté de Tassalast, jadis, la plage la plus prisée de la ville de Tigzirt. Le dernier attentat qui a causé des blessures, il y a deux semaines, à trois gendarmes, ne semble pas avoir altéré la volonté des estivants à profiter de la mer. Mais cette année, Tigzirt, comme Azeffoun d'ailleurs, n'a pas connu les campings sauvages, comme les apprécient les jeunes. «Principalement, c'est pour de raisons de sécurité qu'on ne voit plus de campings “non organisés” à Tigzirt», dit un jeune architecte résidant dans la ville balnéaire et que nous avons rencontré au niveau de l'espace vert qui jouxte le nouveau port de Tigzirt. Lui qui a «toujours vécu à Tigzirt», affirme que «la ville a accueilli, ces dernières années, quelques jeunes campeurs avec tentes et matelas à Tassalast, mais cela ne s'est pas reproduit cette année». Tout en se rappelant la disparition graduelle des campings sauvages, notre interlocuteur affirme qu'il existe cependant des campings organisés au profit des familles, mais ils ne sont plus aussi nombreux qu'autrefois. Des campings installés à l'intérieur d'établissements publics dans le cadre de secteurs d'activité où la sécurité est assurée. Sinon, les tentes ont pratiquement disparu du décor estival des plages, à Tigzirt et à Azeffoun. Tous les gens rencontrés semblent convaincus que l'époque des campings est révolue et que le temps est à la location d'appartements. Une activité que de nombreux Tigzirtois ont adoptée, étant source d'une rente importante pour les ménages. D'ailleurs, cette année, la location a connu un grand boom, en matière de disponibilité mais aussi de prix de loyer qui a presque doublé en une année. En outre, il n'y a pas que cet aspect qui a connu un changement du côté de la ville balnéaire, puisque, même du point de vue comportemental, c'est à une véritable métamorphose que se sont adonnés les habitants, particulièrement les commerçants qui ont fourni d'énormes efforts pour améliorer leurs prestations, notamment à l'égard des estivants. Et le nouvel aménagement du port de pêche et de plaisance de l'ex-Omnium est venu couronner une volonté d'attirer plus de touristes pour un meilleur développement local de la région. En tout état de cause, d'aucuns parmi les estivants qui ont rendu visite à Tigzirt ont exprimé leur satisfaction devant la beauté du site et ils en profitent au maximum, notamment en fin d'après-midi et début de soirée, moments propices pour de belles balades en famille ou en amoureux.