De notre envoyée spéciale à Oran Wafia Sifouane C'est à la salle de cinéma Maghreb que le réalisateur qatari Khalifa El Mukhairi a présenté, dans la soirée de vendredi dernier, son premier long métrage intitulé Aqareb e'saa (les aiguilles de la montre) inscrit en compétition pour la 4ème édition du Festival international du film arabe d'Oran (Fifao). S'inscrivant dans le genre fantastique, le film d'une durée de 90 minutes relate l'invraisemblable légende du Fjiri, le chant des marins qataris. Atiq Bin Barrod est un marin dont le bateau échoue lors d'une tempête. Le naufragé se retrouve à côté d'un autre survivant, un bébé qu'il prénomme Saad et qu'il adopte. trente ans après, Saad découvre le secret de son père. En effet, Atiq et ses deux amis ont signé un pacte avec les djinns. Ces derniers enseigneront le Fjiri aux trois marins en échange de leur silence. Mais ce terrible secret dont dépend la vie des trois hommes finira par être divulgué au grand jour. Grâce à Saad épris de Djinna, une femme des djinns, la vie d'Atiq sera épargnée.S'inspirant de cette légende parue au début du XXe siècle, le réalisateur a offert au public oranais une lecture poétique et mystique du patrimoine de son pays. Alternant réalité et fiction, les Aiguilles de la montre est un véritable chef-d'œuvre visuel dirigé avec un grand souci de l'esthétique. Le scénario signé par le réalisateur, qui est scénariste à l'origine, reflète toute la beauté et la richesse de la poésie arabe. On relèvera également l'excellent travail d'Isabelle Stead, la directrice photographe. S'inspirant des légendes locales, le sujet du film est recherché, bien étudié et savamment présenté. En outre, avec son premier long métrage, El Mukhairi a souligné la nécessité de mettre le patrimoine arabe au profit du 7ème art. On notera également que le réalisateur a fait preuve d'audace en s'attaquant au genre fantastique, tout en restant crédible et cohérent. Pour la soirée, le Fifao a donné l'occasion aux festivaliers de découvrir le long métrage les Gardiens du silence du Syrien Samir Zekra. Ce dernier relate l'histoire d'une jeune orpheline syrienne qui répond au prénom de Zein. Elevée par son père, un intellectuel désabusé, Zein se découvre une passion pour la littérature et commence à écrire des nouvelles. N'ayant aucune information sur sa défunte mère, Zein ignore qu'elle marche sur ses pas. Hind, sa maman, était une grande écrivaine. Femme aux grandes idées, Hind a été assassinée, mais sa fille est loin de se douter de cette terrible réalité. Guidée par sa volonté, Zein part à la quête de la vérité, une vérité longuement étouffée par son père et sa famille. Inspiré d'un roman, le film a gardé la même trame en mettant les personnages en avant un par un. Loin d'être une simple histoire familiale, le film traite aussi de l'émancipation de la femme et de sa condition dans le monde arabe. Accusant la femme d'être la source de ses malheurs à cause de son silence, le film montre que souvent la femme est réprimée par la femme. C'est là que Zein intervient pour rompre le silence et se battre pour exister dans la dignité, un combat que sa mère a payé de sa vie. Incohérent parfois et alourdi par de longues scènes, le film syrien a eu du mal à séduire le public qui a fait preuve de patience durant près de trois heures pour un film qui aurait pu être moins long.