La mission menée à Dublin par les experts du Fonds monétaire international s'est achevée sur un bilan mitigé. Pour eux, le plan sur quatre ans de consolidation budgétaire n'est pas suffisant. D'autres mesures d'austérité devront être adoptées. Le verdict des experts du FMI, chargés de chiffrer les besoins budgétaires de l'Irlande, est sans appel. Le pays ne parviendra pas à ramener son déficit public dans les limites du pacte européen de stabilité à la date prévue par les Européens et le Fonds. Le trou dans les caisses de Dublin représentera encore 4,8% de son PIB en 2015 au lieu des 3% souhaités par l'Union européenne, estime le FMI. Certes, le plan irlandais de consolidation fiscale entre 2011 et 2014 est «globalement approprié», admet le Fonds. Mais la croissance du PIB sera, selon lui, inférieure à celle envisagée par Dublin, concluant du coup sur une résorption plus graduelle du déficit des comptes de l'Etat. Selon les économistes du Fonds, la croissance annuelle moyenne de l'Irlande entre 2012 et 2015 sera de 2,75%, soit moins de la moitié de celle de 6% constatée entre 2000 et 2007. Pis, même cette croissance «modeste» serait vulnérable. Trois risques pèsent sur l'économie. Premièrement, l'influence positive sur l'activité intérieure des entreprises exportatrices pourrait s'avérer limitée. L'ajustement fiscal en cours va affecter la consommation. Enfin, les investissements ont toutes les chances de croître d'environ 10% par an d'ici à 2015, un taux qui correspond à seulement la moitié du taux historique. De fait, le redécollage de l'économie irlandaise sera très progressif. Après une baisse du PIB réel de 0,2% en 2010, il ne devrait progresser que de 0,9% en 2011 et de 1,9% en 2012. Il faudra attendre 2014 pour qu'il atteigne les 3% de hausse. Le sort de la dette irlandaise se jouera pour beaucoup sur le terrain des besoins de refinancement des banques. Le Fonds considère que la somme maximale qui leur est allouée par le plan d'aide internationale (35 sur 85 milliards d'euros) est suffisante. L'Irlande pourrait bénéficier d'une dynamique de la dette publique plus favorable si ces besoins ressortaient inférieurs aux attentes actuelles. Les nécessités de refinancement de la dette publique pourraient être contenues aussi si la dette bancaire était restructurée, soulignent les experts. C'est déjà le cas pour l'établissement nationalisé Anglo-Irish. D'autres initiatives de cette nature sont prévues pour les institutions financières qui ont reçu des financements publics. Néanmoins, suggère le FMI, ces éventuels développements positifs ne permettent pas d'esquiver une discussion sur l'opportunité d'adopter des mesures d'austérité budgétaire ultérieures. Dublin devra probablement se diriger vers cette direction à moyen terme pour atteindre ses objectifs de rééquilibrage des comptes publics, glisse le FMI. Ce verdict apporte indirectement de l'eau au moulin de l'agence de notation financière Moody's qui a dégradé la note de la dette du pays. Moody's table désormais sur un ratio de la dette sur le PIB de 120% en 2013, contre 66% en 2009. Le FMI, quant à lui, prédit un ratio comparable de 124,5% à la même époque. Satisfaits du plan d'aide du FMI et de l'Union européenne, la majorité des Irlandais (56%) considèrent néanmoins que leur pays a abandonné une partie de sa souveraineté en acceptant ce plan, selon un sondage publié samedi. Malgré la situation, l'Irlande ne sortira pas de l'euro, a assuré hier le ministre des Affaires étrangères Micheal Martin. De son côté, le principal parti d'opposition a appelé le très impopulaire Premier ministre Brian Cowen à dissoudre le Parlement d'ici à la fin janvier pour ouvrir la voie à des législatives anticipées.