Beaucoup reste à faire en matière de réformes de fond, à commencer par le système bancaire. Hasard du calendrier ou timing sciemment choisi? Le Fonds monétaire international fait encore une fois intrusion dans l'économie algérienne. A la veille du discours très attendu du chef de l'Etat devant les travailleurs, à l'occasion du double anniversaire du 24 février, où il devrait trancher la question des salaires, le Fonds monétaire international revient à la charge: «Une politique des salaires qui préserve la compétitivité» s'impose. Un soutien, on ne peut plus clair à Ahmed Ouyahia qui avait qualifié d'illégitime toute augmentation salariale. A comprendre par là, que toute augmentation doit se faire sur la base de paramètres économiques objectifs. Le FMI qui, lors de la récente visite en Algérie de son président s'est opposé à toute augmentation salariale, ce qui a d'ailleurs fait l'objet de critiques acerbes de la part des syndicats et de la classe politique, n'est pas près d'abandonner la «partie». Même si dans son rapport 2005, il qualifie d'« encourageantes » les perspectives économiques en Algérie, le FMI suggère un certain nombre de mesures à même de relancer la production et réduire davantage le chômage. Pour l'institution de Bretton Woods, beaucoup reste à faire en matière de réformes, notamment celle du système bancaire. «L'activité économique s'appuie encore lourdement sur l'Etat. Les banques publiques qui représentent 90% des actifs du système bancaire, n'ont pas les capacités de gestion des risques de base et sont alourdies par des prêts improductifs.» Concernant la gestion des recettes issues des hydrocarbures et les récentes orientations en matière d'investissement public à travers les programmes gouvernementaux, le FMI estime que la politique monétaire est restée prudente et la Banque d'Algérie a épongé la plus grande partie des liquidités excédentaires du secteur bancaire. Pour le FMI, «l'Algérie doit s'orienter rapidement vers des réformes à même de les rendre plus efficaces et leur faire jouer un rôle de moteur du développement socio-économique». Par ailleurs, parmi les recommandations du FMI figurent «l'accélération des réformes prioritaires destinées à encourager les investissements privés et à créer des emplois, une plus grande libéralisation du commerce extérieur, la pleine application de la libre convertibilité du dinar pour les transactions courantes, l'amélioration du climat d'affaires et la restructuration/privatisation des entreprises». Un «verdict» on ne peut plus sévère, puisque l'institution financière internationale estime que le nombre de prêts improductifs n'a pas fléchi. Les experts du Fonds qui, rappelons-le, avaient mené leurs consultations avec les autorités algériennes du 1er au 16 octobre dernier à Alger, soulignent, toutefois que des améliorations sont notables au plan de la politique douanière algérienne, tandis que des mesures importantes ont été prises pour libéraliser divers secteurs d'activité comme les hydrocarbures et les télécommunications. Le FMI reconnaît également que des progrès ont été accomplis en matière de libéralisation du commerce extérieur et du secteur de l'énergie. En somme, d'après l'institution monétaire, «la situation économique algérienne reste solide» et se trouve consolidée par «le niveau élevé des cours du pétrole et l'accroissement de la production pétrolière» du pays. L'inflation a été faible et le taux de chômage a continué à baisser, bien que «le chômage des jeunes reste très élevé», soulignent toutefois les rédacteurs du rapport. La croissance du PIB réel s'est quelque peu modérée en 2004-2005 (à plus de 5 %), principalement à cause d'un ralentissement de la production agricole qui a suivi la récolte exceptionnelle de 2003. A noter que lors de leur séjour en Algérie, les experts du FMI avaient insisté sur la manière de soutenir la croissance et réduire le chômage dans un contexte où les recettes des hydrocarbures sont élevées. Analysant le budget 2006, ils font remarquer que celui-ci intègre une augmentation sensible des investissements publics, une mise en oeuvre plus uniforme du programme d'investissement (du gouvernement). En somme, le rapport du FMI peut être qualifié de mitigé, car tout en reconnaissant les efforts macroéconomiques fournis par l'Algérie, relève, toutefois, que beaucoup reste à faire en matière de réformes de fond, à commencer par le système bancaire et l'amélioration du climat d'affaires en général.