De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar à chaque empoignade électorale, les candidats aux assemblées locales ne tarissent pas de «promesses culturelles». On jure de rouvrir tous les espaces d'expression dédiés à la culture, de redynamiser l'action associative, d'encourager la lecture, de contribuer à la création de clubs de photographie, de cinéma, de théâtre… de promouvoir les jeunes talents et d'assurer une animation régulière de la scène locale. Mais une fois élus, les édiles municipaux se dédient immédiatement en invoquant, pêle-mêle, des difficultés budgétaires, l'absence de partenaires compétents et d'autres problèmes. Même si ces contraintes sont bien réelles, il est clair que la culture ne constitue pas une priorité dans l'agenda des maires. Autrement, il y a toujours des moyens pour faire des choses. En matière de cinéma, par exemple, la wilaya compte une dizaine de salles de projection. Elles sont toutes à l'abandon depuis le début des années 1990. Mis à part l'activité occasionnelle de la Cinémathèque, les autres salles ont baissé rideau depuis une vingtaine d'années faute d'initiatives. Des villes comme Akbou, Kherrata, Tichy, Aokas, Sidi Aïch, Amizour ou El Kseur où sont implantées ces salles n'ont absolument rien fait pour les réhabiliter et les rouvrir au public. Le matériel s'est irrémédiablement détérioré. Aucune activité n'est à signaler à ce niveau si ce n'est les meetings épisodiques et autres rencontres politiques de circonstance. En attendant le réaménagement, l'équipement et la remise en service de ces salles qui ont coûté cher aux contribuables, les boutiques spécialisées dans la location et la vente de VCD prolifèrent aux quatre coins de la wilaya. Après le boom enregistré par ces magasins dans les principaux centres urbains, les lecteurs VCD continuent leur révolution tranquillement à travers les campagnes de la Soummam. Malgré une indéniable dynamique associative activant dans ce domaine précis, les APC n'ont rien entrepris pour mettre ces espaces à la disposition des cinéphiles. On doit mentionner à ce sujet les activités des associations comme Project' Heurts, Cinéma et Mémoire et de nombreux autres ciné-clubs créés dernièrement dans les cités universitaires et à travers nombre de localités. Au chef-lieu de wilaya, deux autres salles se trouvent aussi dans le même état de délaissement. Récemment, la Direction de la culture (DC) avait officiellement saisi les APC pour verser ces édifices à son patrimoine afin de pouvoir les remettre en état de marche. L'appel est resté infructueux. Toutefois, il convient de souligner que la DC a visiblement beaucoup de mal à entretenir ses propres établissements. Les travaux de réhabilitation de la Cinémathèque s'éternisent. Le projet de réaménagement de l'ancien tribunal en école des beaux-arts est renvoyé aux calendes grecques. La réhabilitation du TRB et du musée Bordj Moussa se prolonge dans le temps. Les artistes locaux dénoncent ouvertement la mauvaise gestion de la direction et signent des pétitions à l'endroit du ministère de tutelle. C'est dire si le grand public reste toujours les yeux rivés sur le petit écran à défaut d'en avoir un grand en face.