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Des initiatives et des insuffisances à Béjaïa
Redynamisation de l'activité théâtrale
Publié dans La Tribune le 14 - 05 - 2009


De notre correspondant à Béjaïa
Kamel Amghar
L'activité théâtrale a connu ces dernières années une certaine redynamisation en Algérie. Mise en scène de nouvelles pièces, «remake» d'anciens spectacles, adaptations de textes romanesques, lancements de festivals et de rencontres pour les amateurs, le quatrième art fait feu de tout bois pour reprendre progressivement sa place dans le paysage culturel. A Béjaïa, par exemple, le Théâtre régional, le mouvement associatif, les troupes et les artistes autonomes sont en train de se réapproprier la scène. Outre la programmation régulière de quinzaines théâtrales, qui coïncident toujours avec les vacances scolaires, le TRB s'est investi dans la production. Fadhma N'Soumeur, Wouhouche.com, Sinistri, la Voix des femmes et le Fleuve détourné sont autant de travaux fraîchement réalisés qui ont été présentés à travers le pays et à l'étranger. Toujours dans cette dynamique productive, le TRB s'emploie à mettre en scène les chefs-d'œuvre de la littérature algérienne. L'équipe d'Omar Fetmouche, le directeur de cette institution culturelle, planche en ce moment sur l'adaptation du dernier roman de Tahar Djaout, les Vigiles. Dans cette même veine, Djamel Abdelli (un jeune dramaturge du même établissement) travaille, lui aussi, sur un texte de Mouloud Mammeri ; le Fœhn ou la Preuve par neuf, en l'occurrence. Un choix éditorial qui constitue visiblement un palliatif opportun à la crise d'écriture dont souffre le quatrième art en permettant, à la fois, de célébrer les monstres sacrés de la culture et de l'art authentiquement algériens. Pour garantir une programmation plus ou moins régulière, le TRB a, en outre, ouvert ses portes à toutes les initiatives des compagnies et des comédiens amateurs. Humoristes et petites troupes locales se produisent, ainsi, durant des quinzaines destinées aux écoliers et à leurs parents. Afin d'offrir un cadre de réflexion et d'échange à ce genre d'activités, le TRB organise chaque année un Festival de théâtre pour enfants. Des dizaines de troupes spécialisées sont alors conviées à se produire à travers toutes les communes de la wilaya. Des forums, des colloques et des tables rondes accompagnent cette manifestation dans le but déclaré de passionner et de fidéliser le jeune public. Au niveau des centres culturels des différentes localités, des idées novatrices germent aussi pour promouvoir la création théâtrale. On citera, à ce propos, le festival d'Amizour dédié à la mémoire du grand metteur en scène, Malek Bouguermouh. L'entreprise, qui vient de clore sa troisième édition, bénéficie du concours des collectivités locales et de partenaires privés. Venant des quatre coins du pays, des troupes d'amateurs trouvent dans ce rendez-vous d'Amizour un cadre d'expression et un instrument d'échange et de communication pour approfondir leurs connaissances et leurs techniques respectives. Des prix consistants sont même institués pour récompenser les meilleurs travaux. En gros, on remarque un regain de vitalité et un besoin manifeste d'innovation qui suscite l'adhésion du grand public. Mais on doit, cependant, reconnaître qu'on est encore loin d'un véritable renouvellement de l'expression théâtrale. Il y a de gros efforts d'ouverture, de création et de formation qui restent à faire pour atteindre ce stade. Trois conditions que les spécialistes jugent indispensables pour définir une dramaturgie avec ses techniques propres et son esthétique particulière à même de déboucher sur une quelconque authenticité nécessaire à une éventuelle projection vers une identité, pleine et entière. Les créateurs, la critique, les écoles de formation, les partenaires institutionnels et privés sont appelés à œuvrer de concert dans cette perspective. C'est à travers un examen collectif et approfondi de toutes les contraintes rencontrées (censure, réhabilitation de la lecture et l'écriture, difficultés financières…) que l'on pourrait expliquer cette crise d'émancipation afin d'explorer, ensuite, les voies et moyens appropriés pour un vraie régénération à travers la recherche constante d'une esthétique et d'un sens nouveaux.


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