De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar On assiste ces derniers temps à l'émergence d'un tissu associatif relativement dense qui se consacre à la protection et à la sauvegarde du patrimoine. Ces nouveaux acteurs organisent constamment des activités de promotion et de vulgarisation comme ils interviennent aussi pour tirer la sonnette d'alarme quand des sites historiques ou naturels sont en péril. Dirigées par des animateurs qui maîtrisent généralement la question, ces associations œuvrent également au renouveau des bonnes pratiques socioculturelles et à la résurgence des usages et des savoirs séculiers. L'association baptisée au nom de la Casbah de Béjaïa s'inscrit justement dans ce registre. Ses actions sur le terrain traduisent son intérêt pour l'histoire et les traditions citadines de la cité des hammadites. Le patrimoine urbain et architectural de la ville, sa musique traditionnelle, son art culinaire, son héritage intellectuel et scientifique sont autant de facettes déclinées à travers des expositions, des concours et des conférences organisés à chaque occasion. Dans la ville voisine d'El Kseur, l'association «Patrimoine et identité» agit aussi dans le même créneau. La préservation et la valorisation du site romain de Tiklat constituent sa préoccupation majeure, mais cela ne l'empêche pas de déborder sur d'autres sujets en rapport avec la culture et les usages de la région. Récemment, elle s'est distinguée en rappelant au bon souvenir du public «les moulins à eau» autrefois très usités dans la vallée de la Soummam. Dans la petite localité montagnarde d'Addekar, le mouvement associatif oriente son action de sensibilisation pour l'entretien des anciens villages traditionnels et leur mise en valeur, une thématique qui motive aussi des collectifs similaires à Tizi N'Berber (Aokas) et à Saket (côte ouest) à travers d'ambitieuses initiatives pour le développement du tourisme écologique. Dans la commune haut perchée de Kendira (Barbacha), l'association En-Nour s'emploie à remettre au goût du jour l'artisanat traditionnel de la région. La vannerie et la tapisserie figurent, entre autres, parmi les petits métiers qu'on tient à maintenir et viabiliser. Gehimab (groupe d'étude sur l'histoire des mathématiques à Béjaïa), qui fait figure de pionnier dans ce domaine d'activité, a visiblement ouvert la voie à d'autres entreprises se distinguant par leur dynamisme, leur originalité et la diversification de leurs champs d'intervention. Il va sans dire qu'en agissant dans la proximité, ces associations réussissent souvent à captiver leur entourage, un bon signe que les responsables du secteur de la culture se doivent dorénavant d'exploiter et de faire fructifier.