De notre envoyée spéciale à Oran Wafia Sifouane C'est à la cinémathèque d'Oran que la compétition dans la catégorie court métrage a repris mardi dernier après une interruption de deux jours en raison de la tenue des conférences prévues au programme de la 4ème édition du Festival international du film d'Oran (Fifao). A cet effet, six courts métrages ont été projetés, dont celui de la réalisatrice marocaine Jihane El Bahar, l'Ame perdue. D'une durée de 14 minutes, le film raconte l'histoire d'un artiste peintre dont les œuvres ont pris vie. Fâché avec son père malade, le peintre vit avec ses tableaux qui ne cessent de se plaindre et de demander la liberté. Travaillant dans la rue, l'artiste est intrigué par un mendiant qui s'installe quotidiennement en face de lui sans parler ni bouger, le visage caché par une capuche. L'artiste décide alors de le peindre mais ne parvient pas à finaliser son œuvre car le mendiant n'est autre que son âme. En faisant défiler les vies des personnages à travers des tableaux, la réalisatrice a réussi à donner à son œuvre une esthétique appréciable, mais sans pour autant se distinguer. Cette projection sera suivie de celle du film Linge sale du réalisateur tunisien Malik Amara. Satirique et parodique à souhait, ce court métrage de 20 minutes tourne en dérision la vie d'un couple. En inversant les rôles, faisant de l'homme une victime de sa femme tyrannique et hideuse, le réalisateur tente de sortir du cliché de la femme maltraitée et démontre qu'il peut exister des viragos qui martyrisent les hommes. L'époux rêve de reconquérir sa liberté, et c'est là que des idées de meurtre hantent son esprit. Plein d'humour, Linge sale parodie également les spots publicitaires. Changement : les spectateurs auront droit par la suite au court métrage Khouya de Yaniss Koussim qui se caractérise par son extrême violence. C'est dans un huis clos que trois jeunes filles subissent quotidiennement la violence de leur frère unique sous l'œil d'une mère déchirée. D'une durée de 16 minutes, ce court métrage présente l'extrême violence, la mort du frère, qui sera tué à la fin, comme seule solution à la violence que subissent les trois sœurs. Mais le premier coupable désigné n'est pas les filles, qui sont en fait les victimes d'une société patriarcale où l'homme est le maître absolu. Le réalisateur Mounes Khemmar est également entré en compétition avec la projection du Dernier Passager. D'une durée de 7 minutes, ce court métrage rassemble un bon nombre d'artistes algériens connus. Il relate le suicide d'une jeune artiste désabusée qui trouve en la mort un moyen d'accomplissement de ses rêves. Inspirée d'une histoire réelle, le Dernier Passager se distingue par sa qualité et son esthétique. Le public par la suite visionnera Sabeel du réalisateur émirati Khalid El Mahmoud. D'une durée de 20 minutes, le film retransmet l'angoisse de deux jeunes garçons qui vendent des fruits et légumes sur la route pour subvenir aux besoins de leur grand-mère malade. Le dernier à conclure la séance de projection est le court métrage Rouge pâle du réalisateur égyptien Mohamed Hammad. Traitant du conflit entre tradition et modernité, ce court métrage retrace le quotidien de Shaïma, jeune fille vivant avec sa grand-mère. Bien que n'ayant rien en commun avec l'aïeule et les traditions que celle-ci défend, la jeune se verra toutefois contrainte par le milieu, la société, la famille, de respecter la coutume qui interdit aux jeunes filles de mettre des habits chatoyants. On relèvera que les œuvres projetées ont un trait en commun : les réalisateurs arabes affectionnent particulièrement les sujets sociaux, particulièrement les thèmes liés aux traditions qui engendrent souvent des conflits pouvant aboutir à des violences.