De notre envoyée à Oran Wafia Sifouane C'est durant la dernière journée de la 4ème édition du Festival international du film d'Oran (Fifao) que les organisateurs ont offert une grande surprise aux festivaliers avec la présentation du documentaire choc Gaza-strophe, le jour d'après projeté en off. Réalisé par Samir Abdellah et Khiereddine Mabrouk, le documentaire regroupe une série de témoignages poignants faits par les Palestiniens résidant à Ghaza devant la caméra des deux réalisateurs. Quelques jours après le dernier bombardement effectué par l'armée israélienne au cours de l'hiver 2008-2009,ayant provoqué la mort de 1 400 Palestiniens, les deux réalisateurs se sont rendus dans l'enclave palestinienne. Après une longue attente en Egypte et au poste frontière de Rafah, les deux réalisateurs arrivent finalement à entrer à Ghaza en s'infiltrant dans une délégation française. Ils seront accompagnés par deux militants palestiniens des droits de l'Homme et foulent le sol palestinien 48 heures après l'annonce du cessez-le-feu, le 20 janvier 2009. Dans une ville fantôme faite de feu et de cendres, le long de la bande de Ghaza, sur les traces des chars israéliens qui ont semé la mort et la désolation, les réalisateurs n'ont qu'une seule idée en tête : faire l'autopsie d'un drame qui perdure en récoltant le maximum de témoignages et faire entendre ces derniers au monde entier. Face à la caméra, les Palestiniens racontent leurs malheurs. De la petite fille brûlée et jetée aux chiens errants à l'assassinat d'un nourrisson, chaque Ghazaoui a son histoire, et toutes les histoires dessinent le drame de tout un peuple, tout un pays. L'ambiance est faite de terreur constante sur fond de bourdonnement des bombardiers israéliens, des éclats de bombes et des rafales d'armes automatiques. On retiendra l'image de ce vieil homme désemparé et livré à lui-même, qui a tout perdu et se console en récitant des poèmes nationalistes : «Il n'y a plus d'oiseaux, ils ont tué même les oiseaux», dira-t-il en essayant de sourire aux interviewers. Mais le public sera admiratif devant la dignité qu'affichent les Palestiniens malgré leurs peines. «Ce documentaire constitue un véritable document historique et c'est pour cela qu'il a dérangé ; nous avons voulu transmettre des images réelles pour titiller la conscience du monde arabe», déclarent les réalisateurs après la projection. Par ailleurs,ce documentaire a déjà raflé plusieurs distinctions à l'échelle internationale, dont le prix international du reportage méditerranéen «France Télévisions - enjeux méditerranéens», le prix Ahmed Attia pour le dialogue des cultures Medimed, le prix du jury officiel et le prix du jury des jeunes journalistes au 21ème Festival international du film d'histoire de Pessac.