La troïka africaine tente une médiation dans la crise ivoirienne mais les chances d'aboutir ne sont pas très grandes. Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-vert) sont arrivés, hier, à Abidjan, pour y rencontrer les deux présidents proclamés, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, et Choï Young-jin, chef de la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci). Cette mission a été considérée comme celle de la dernière chance après le sommet de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CDEAO), vendredi, à Abuja. En menaçant Gbagbo d'une opération militaire, s'il ne cédait pas sa place de lui-même, la mission ouest africaine partait déjà avec les défaveurs des pronostics. Les trois chefs d'Etat veulent faire fléchir le président sortant pour qu'il accepte de «partir du pouvoir sans attendre». Une éventualité que le président sortant refuse obstinément, dressant une ligne rouge à ne pas franchir, celle du respect de la souveraineté de la Côte d'Ivoire et de sa Constitution. C'est le Conseil constitutionnel ivoirien qui avait proclamé Laurent Gbagbo président de la République, invalidant ainsi les résultats de la Commission électorale indépendante qui venait d'annoncer la victoire d'Alassane Ouattara. Gbagbo, qui dit être prêt à dialoguer, dénonce l'attitude jugée partisane de la France et des Etats-Unis. Le président sortant avertit du risque de la guerre civile en cas d'intervention militaire. En effet, une opération armée dans le cas de figure actuel aurait à n'en pas douter des conséquences graves pour les populations. Des millions de ressortissants ouest-africains vivant en Côte d'Ivoire seront également confrontés au pire. La Côte d'Ivoire reste, malgré une crise politico-militaire de dix ans, une puissance économique régionale attirant les ressortissants des pays voisins. La mission de la CDEAO intervient alors que l'impasse est totale. Les violences pos-télectorales ont fait au moins 173 morts depuis le début de la crise. Le camp pro-Gbagbo se mobilise depuis plus d'une semaine pour un grand rassemblement aujourd'hui à Abidjan. Défendre la dignité et la souveraineté de la Côte d'Ivoire demeure le mot d'ordre des partisans de Gbagbo. Le camp d'Alassane Ouattara, son Premier ministre Guillaume Soro et son gouvernement, retranchés dans l'hôtel le Golf d'Abidjan, soumis à un blocus des forces armées loyales à Gbagbo, a lancé un appel à la grève générale. Le camp Ouattara mène parallèlement une offensive à l'étranger là où son élection comme président fait quasiment l'unanimité. Ses partisans ont occupé, lundi, l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris pour demander le départ de l'ambassadeur nommé par Gbagbo. M. B.