De notre correspondant à Bejaïa Kamel Amghar La flambée de la mercuriale en ce début d'année provoque un embrasement généralisé à Béjaïa. Les populations, notamment les jeunes, dont le pouvoir d'achat ne cesse de s'éroder, investissent carrément la rue pour crier leur mécontentement : axes routiers coupés à la circulation, édifices publics saccagés, affrontements entre jeunes manifestants et forces de l'ordre se soldant par des blessés de part et d'autre. Des émeutes ont simultanément éclaté dans plusieurs localités de la wilaya. Depuis la journée de jeudi dernier, de violentes échauffourées opposent protestataires et policiers à Akbou. Les bureaux de la Sonelgaz, ceux de l'Algérienne des Eaux (ADE), le tribunal et la recette locale des impôts ont été sérieusement endommagés. La circulation automobile sur la RN26 (Béjaïa-Bouira) a été coupée, pénalisant des milliers d'usagers. Dans un premier bilan rendu public à la mi-journée d'hier, 7 policiers et 3 émeutiers ont été blessés. Au cours de la même journée, des citoyens du quartier Baccaro à Tichy ont coupé la RN9 (Béjaïa-Sétif). Des pneus brûlés au beau milieu de la voie express ont asphyxié les riverains et des centaines de camionneurs condamnés à passer une bonne partie de la nuit sur place. Au cours de la journée d'hier, ce vent de colère a également touché les localités d'Ouzellaguen, Sidi Aïch et Kherrata. Dans cette dernière ville, la foule en furie a incendié la salle des fêtes municipale, détériorant le siège de la mairie. Un second «barrage» a été dressé sur la RN9 empêchant tout mouvement automobile. A Sidi Aïch, des établissements publics ont été également attaqués à coups de pierres et de projectiles divers. L'intervention des forces de sécurité, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes, s'est transformée en affrontements. L'échange d'hostilités a causé des blessés, selon des témoins oculaires. La ville voisine d'Ouzellaguen a été, hier, le théâtre d'affrontements similaires. Des remous ont été également signalés à Tazmalt. Cependant, la majorité écrasante des citoyens regrette ces incidents en appelant les autorités à soutenir le pouvoir d'achat des ménages : «La casse des biens publics ne règle pas le problème. Bien au contraire, cela complique davantage notre situation. Néanmoins, l'Etat doit être à l'écoute de ce cri de détresse pour une meilleure régulation du marché des vivres. On n'arrive plus à boucler les fins de mois.» Voilà, en substance, l'avis dominant au sein de la population.