Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi Après avoir connu une certaine stabilité l'année dernière, les prix de certains produits alimentaires de base ont pris l'ascenseur ces derniers jours. Cette situation a provoqué des émeutes dans plusieurs régions du pays. Ces événements n'ont pas été le fait du hasard bien que les prix de certains produits aient connu des hausses sur le marché international. Ce qui démontre que la situation n'est pas particulière à notre pays. Cependant, le phénomène de l'informel, conjugué à une situation qui frise l'anarchie dans certains secteurs d'activité, a aggravé les choses et fait flamber les prix. Le ministère, pour expliquer cette hausse brutale a affirmé que les commerçants sont mis devant leurs responsabilités face à cette situation. Benbada, qui pense que ces hausses effrénées «ne peuvent pas être expliquées uniquement par l'augmentation des prix de certains produits sur les marchés boursiers internationaux», a promis une batterie de mesures pour juguler cette flambée brutale et inattendue. Il est vrai que la situation est urgente et interpelle toutes les consciences mais un débat de fond doit s'imposer pour mettre un terme définitivement à ces crises cycliques qui touchent en premier lieu le pouvoir d'achat des consommateurs. Du côté du ministère, une pléiade de mesures ont été déjà prises dans ce cadre. Il ya lieu de rappeler la promulgation dernièrement de la loi sur la concurrence et les pratiques commerciales dont les textes d'application seront sur le bureau du gouvernement dans les prochains jours, selon le ministre du Commerce. Dans le même sillage, l'Etat, déterminé à garder un maximum de contrôle sur les produits alimentaires de base, s'engage encore à soutenir les prix. Le ministère du Commerce a promulgué également, il y quelques jours, un arrêté qui définit les nouvelles conditions d'inscription au registre du commerce. Le texte en question fixe la durée de validité du registre du commerce à deux ans pour les activités d'importation de matières premières et de produits destinés à la revente en l'état, la vente en gros ainsi que pour les détaillants et commerçants étrangers. Cependant, les opérations d'importation dans le cadre de la transformation et de la production industrielle ne sont pas concernées par la limitation de la durée de validité du registre du commerce. Le délai pour le renouvellement du registre a été fixé à 15 jours. En outre, le nouveau texte interdit, comme c'était le cas auparavant, de regrouper plusieurs activités commerciales hétérogènes dans un même registre. Bien qu'il soit actualisé régulièrement, le cadre réglementaire à lui seul n'est pas en mesure de garantir une bonne marche du secteur du commerce. Les observateurs et les spécialistes le confirment à chaque occasion qui se présente. Ainsi, il faut soulever aussi la question des surfaces et espaces commerciaux qui, souvent, échappent au contrôle des pouvoirs publics. Le ministre du Commerce n'a pas mâché ses mots en évoquant cette question. Son département a lancé un programme de modernisation de ces infrastructures, de mise à niveau, de réhabilitation et d'organisation et de gestion, et ce, selon les normes de l'activité commerciale qui sera concrétisée cette année par la création d'un organisme national public chargé de la gestion des marchés de gros.Ces nouvelles structures, selon Benbada, apporteront un plus aux consommateurs et allégeront la pression sur ceux existants. L'organisation de ces espaces va faciliter le travail aux agents de contrôle. Et justement en parlant du contrôle, il y a lieu de relever cette autre faille dans le secteur. Le ministre avait annoncé, il y a quelques mois le recrutement en l'espace d'une année de 1 500 cadres universitaires et compte renforcer ses équipes de 1 000 agents annuellement à partir de 2011. Ces brigades de contrôle devront faire face à un nombre impressionnant de commerçants, soit 33 162 s'occupant de revente en l'état et 67 155 commerçants de gros. Les chiffres émanent du ministère du Commerce. Le secteur de l'informel reste aussi une autre faille considérée comme une bombe à retardement, sachant qu'aucune donnée vérifiée ne peut être avancée pour le moment. Au moment où certains l'évaluent à 50 % de l'activité économique du pays, d'autres n'hésitent guère à avancer des chiffres encore plus alarmants. En tout état de cause, la menace est bien réelle et sa capacité de nuisance est toujours vivace. Les experts et les spécialistes de cette question recommandent un traitement graduel en s'attaquant aux origines du phénomène. Le recul opéré ces derniers jours par le ministère face aux grossistes, qui activent jusque-là dans l'ombre, démontre une réalité complexe. En fait, Benbada, qui a voulu agir sur les prix, a décidé d'annuler toutes les conditions imposées aux grossistes et qui sont à l'origine de la hausse des prix. Ces mesures concernent notamment la fourniture par les détaillants de documents justifiant leur activité, notamment le registre du commerce, l'achat par facture et leur bilan comptable (comptes sociaux), ainsi que l'utilisation du chèque pour le paiement des marchandises dont le montant dépasse 500 000 dinars. Ce qui démontre toutes les difficultés qui existent pour traiter ce phénomène. Enfin, il va sans dire que ce secteur, aussi sensible que d'autres, doit connaître une stabilité relative et à défaut, c'est l'effet boule de neige.