Même si l'on a enregistré un apaisement général, les actes de violence et de vandalisme se sont poursuivis hier, pour la quatrième journée consécutive, dans certaines localités de la wilaya de Béjaïa. Toutes les routes restent toujours bloquées. L'écrasante majorité des élèves et des étudiants n'ont pu rallier les établissements d'enseignement. Par mesure préventive aussi, de nombreux parents ont empêché leur progéniture de les rejoindre. Les écoles et les instituts ont été cependant ouverts et la Direction de l'éducation (DE) a même appelé les écoliers à rejoindre leurs classes. On doit souligner à ce propos que les travailleurs n'ont pu également pointer à leur lieu de travail. Au chapitre des agressivités, la commune de Tichy, jusque-là relativement épargnée, a été le théâtre de violentes émeutes qui ont opposé de jeunes manifestants aux forces de police. Battant en retraite, les policiers, assiégés à l'intérieur du commissariat du centre-ville, ont été contraints de tirer des tirs de sommation pour éloigner les assaillants qui tentaient d'envahir leurs quartiers. La recette locale des impôts et le siège de l'Algérienne des Eaux (ADE) ont été pillés, puis incendiés par les émeutiers. La RN 9 a été conséquemment coupée à la circulation. Au chef-lieu de wilaya, après le sabotage de plusieurs banques dont la Société Générale, BNP Paribas et Cnep-banque, c'est au tour de l'agence BNA d'Ihaddaden, sise au quartier dit Edimco, d'être brûlée dans la nuit d'avant-hier. Les attaquants ont réussi à se saisir et à déplacer le coffre-fort pour l'éventrer ensuite, à quelques encablures plus loin, à coups de tronçonneuse. Ont-ils trouvé de l'argent ? Il semblerait que cette chambre forte contenait seulement des documents, selon certaines indiscrétions. Quelques écoles, un centre pour handicapés, des associations de malades ont été aussi vandalisés. Dans la localité voisine d'Aokas, le «feu de l'émeute», qui a aussi éclaté dans la soirée d'avant-hier, a ravagé le bureau de poste, le siège de l'ADE, celui de l'agence Sonelgaz ainsi que les locaux d'Algérie Télécom (AT). Le siège de l'APC, nouvellement réceptionné, a subi aussi des dégradations. Les pilleurs étaient, là encore, au rendez-vous. A Souk El Tenine où la recette des impôts et le siège de l'ADE ont été dévastés la veille, des attaques ont été lancées contre le commissariat de police et la brigade locale de la Gendarmerie nationale. Même topo à Melbou. A El Kseur, plusieurs édifices publics dont le siège de la daïra ont été incendiés et de violentes échauffourées ont opposé manifestants et forces de l'ordre. Dans la localité d'Amizour, les casseurs ont poursuivi leur «œuvre» de démolition systématique pour saccager encore la maison de la culture Malek-Bouguermouh et l'agence du Crédit populaire d'Algérie CPA). La situation reste extrêmement tendue à Kherrata, Darguina, Akbou, Tazmalt et Ouzellaguen. Les dégâts et le manque à gagner causés par ces quatre jours d'hostilités «sont extrêmement lourds et se chiffrent en milliards de dinars», selon le wali qui a souligné que la ville de Béjaïa est aujourd'hui totalement coupée du reste des localités. «Rien ne rentre, rien ne sort. L'impact est énorme sur le port», tient-il à souligner, avant de saluer les initiatives de certaines associations en faveur du retour au calme. Hamou Ahmed Touhami a saisi cette occasion pour renouveler son appel aux parents afin de déconseiller à leurs enfants la fréquentation «des pécheurs en eau trouble». Il a également annoncé l'arrestation d'un certain nombre de «pyromanes et de pilleurs notoires» pour lesquels, a-t-il ajouté, «la hausse des prix n'était qu'un prétexte pour voler, casser et brûler les biens du peuple algérien. La loi leur sera appliquée dans toute sa rigueur».