Le président Tunisien Zine El Abidine Ben Ali ne sait plus à quel saint se vouer. Vingt-quatre heures après avoir annoncé une ouverture politique et médiatique sans précédent, le chef de l'Etat tunisien a été forcé de prendre d'autres non moins importantes décisions. Dans une tentative désespérée d'apaiser la rue tunisienne qui ne décolère pas, M. Ben Ali a limogé le gouvernement tunisien. Il a également promis à son peuple l'organisation d'élections législatives anticipées. Le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, cité par l'agence officielle tunisienne TAP, a annoncé que le président Ben Ali a décidé, «dans le cadre de mesures d'apaisement annoncées lors de son discours de jeudi dernier, de limoger le gouvernement et d'appeler à des élections législatives anticipées dans six mois». M. Ghanouchi précisera avoir été chargé de former le nouveau gouvernement. La rue tunisienne, qui ne croit plus en ses promesses, est convaincue que Ben Ali se ménage une porte de sortie en 2014. Tentant de sauver son régime chancelant, Ben Ali fait miroiter toutes sortes de promesses. Les milliers de Tunisiens qui ont investi la rue, hier, ont manifesté pour demander la démission du Président au lendemain d'une journée meurtrière. 13 civils avaient trouvé la mort à Tunis et sa banlieue, jeudi soir, dans les heures qui ont suivi le discours présidentiel. Les deux décisions prises par Ben Ali hier étaient considérées dérisoires face aux revendications populaires et à la pression persistante de la rue. Le président tunisien décidera alors l'instauration de l'état de siège. Dans un sit-in devant le ministère de l'Intérieur et dans les chefs-lieux des plus importantes villes du pays, les manifestants réclamaient le départ de Ben Ali. La rue tunisienne ne veut pas moins que la tête de son actuel Président. Après vingt-trois ans de règne totalitaire, les Tunisiens savent plus que jamais comment éradiquer leur mal et quelle tête faut-il décapiter pour cela. Sortis de leur mutisme légendaire, les Tunisiens veulent la liberté, toute la liberté et rien d'autre que la liberté. G. H.