Les Tunisiens recouvrent leur dignité. Leur mobilisation a été payante. Ben Ali a joué toutes les cartes pour sauver sa peau et son régime mais en vain. La volonté du peuple tunisien est taillée d'acier. Aucune des mesures annoncées dans son discours d'hier n'a réussi à faire taire une rue décidée à en découdre avec un dictateur mafieux, représentant d'une bourgeoisie compradore au service d'intérêts étrangers au détriment de toute une nation. Croyant que le peuple tunisien était docile et domestiqué, Ben Ali a tout fait pour amadouer une jeunesse qui a rompu avec les générations précédentes et imposé sa démarche : avec les dictateurs, point de négociation, point de compromis. Les Tunisiens veulent un changement radical. La rue tunisienne n'était pas dupe hier. Après l'annonce des mesures de changement, une partie de l'opposition était prête à composer avec Ben Ali et son Premier ministre chargé de constituer le nouveau gouvernement. C'est ce qui explique la poursuite de l'Intifadha populaire bravant l'armada policière lâchée contre des manifestants pacifiques dont les mots d'ordre étaient sans appel : «Ben Ali dehors !» L'armée, qui avait en début d'après-midi décrété l'état de siège, contrôlant l'aéroport, aurait arrêté des membres de la famille de l'épouse de Ben Ali. La Tunisie est en liesse et c'est légitime. Le peuple s'est débarrassé d'un des tyrans qui a bafoué sa dignité. A. G.