La remise de l'acte d'accusation du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) risque de compliquer la situation libanaise. Cela coïnciderait avec le début des consultations en vue de la nomination du futur chef du gouvernement, après la chute du cabinet de Saad Hariri. La démission des ministres du camp du mouvement Hezbollah avait précipité la situation et ouvert la voie à l'inconnu. Les accusations viseraient explicitement des membres du mouvement de Nasrallah. Les mises en accusation, confidentielles, seront communiquées au juge de la mise en état, le Belge Daniel Fransen, chargé de les examiner en vue de leur confirmation. Qu'en sera-t-il après ? Une fois les chefs d'accusation confirmés par le juge, des mandats d'arrêt ou des citations à comparaître peuvent être délivrés. Les Libanais retiennent leur souffle. La crise politique qui fait craindre la résurgence des violences a pour origine l'enquête du TSL à la teneur politique certaine. Saad Hariri, le fils de Rafic Hariri, s'est octroyé une semaine de consultations internationales, notamment à Washington, Paris et Ankara. Il a accusé le Hezbollah de refuser toute concession. De son côté, le Hezbollah ne veut nullement un retour de Hariri à la tête du futur gouvernement. L'hégémonie étrangère sur le Liban est palpable dans les positions des différents partis. Et les supputations sur l'évolution vont bon train. Le quotidien Al-Akhbar parle d'Omar Karamé comme probable Premier ministre. Ex-Premier ministre proche de l'opposition, il avait présenté sa démission dans la foulée de l'assassinat de Rafic Hariri en 2005. Pour l'opposition, un Premier ministre autre que Hariri pourrait fortement faire cesser toute coopération avec le TSL, considéré comme un instrument pour déstabiliser le Liban. La majorité pro-occidentale, menée par Saad Hariri, refuse tout autre candidat pour ce poste réservé par tradition à un sunnite. Hariri a reçu récemment le soutien du mufti de la République. Pour beaucoup d'observateurs, c'est le groupe parlementaire du leader druze Walid Joumblatt qui pourrait faire pencher la balance en faveur de Saad Hariri. Joumblatt faisait parti du camp du 14 Mars avant de s'en démarquer, opérant un spectaculaire revirement. La Syrie, ancienne puissance de tutelle au Liban, jouerait toujours un rôle non négligeable au pays du Cèdre. Le premier ambassadeur américain en Syrie, depuis 2005, Robert Ford, devrait permettre de relancer le difficile dialogue entre Damas et Washington. Ce diplomate chevronné prend son poste au moment où le Liban est plongé dans une crise aux multiples facettes. Washington n'a plus d'ambassadeur à Damas depuis le rappel de Margaret Scobey, quelques jours après l'assassinat de Hariri, dans lequel la Syrie est soupçonnée d'être impliquée, malgré ses démentis. M. B.