Photo : S. Zoheir Entretien réalisé par notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur La Tribune : De nombreux citoyens critiquent le système de santé à Tlemcen, alors que le secteur a bénéficié de 7 milliards de dinars au titre du quinquennat 2010-2014. Quel est votre commentaire sur la situation ? Abdelhalim Laalama : D'emblée, il faut savoir que l'hôpital est un établissement qui doit assurer des prestations de qualité optimale, tant pour l'offre de soins que pour la spécificité des spécialités proposées. La réalisation d'un nouveau centre hospitalo-universitaire (CHU), dont la première tranche a bénéficié d'une enveloppe budgétaire de l'ordre de 750 millions de dinars et qui est à 5% de taux d'avancement des travaux de réalisation, sera un élément majeur pour l'amélioration de l'offre publique de soins dans tout Tlemcen puisqu'il sera doté de toutes les spécialités.Concernant la prise en charge des patients, c'est notre préoccupation majeure, et je ne tolèrerai point de négligences. Il faut cependant souligner qu'il y a une question de mentalité qu'il faut changer, car chaque patient désire être servi en premier. Notre système de santé est aujourd'hui confronté à des défis majeurs que j'entends relever avec tous les acteurs du secteur pour le bien-être de la population. En tant que directeur de la santé de la wilaya de Tlemcen, ma politique de santé, je veux le dire d'emblée, est d'abord une politique de justice. Il est donc demandé à tous les acteurs de s'associer à la mise en œuvre de politiques de santé plus cohérentes et plus souples dans la région de Tlemcen. Donc, élus locaux, professionnels de santé, associations de malades, poursuivant un seul et même but, doivent s'entendre sur les moyens d'assurer des soins de qualité et pour tous… Vous avez parlé d'un nouveau CHU, qu'en est-il des autres infrastructures qui devront être réalisées pour renforcer le secteur ? Parmi les projets lancés ou en cours de concrétisation et auxquels on a accordé plus de 10 milliards de dinars, figurent une quarantaine d'opérations. Il s'agit à titre d'exemple de la réalisation de 4 unités médico-chirurgicales (UMC) à Tlemcen, Sebdou, Maghnia et Ghazaouet, et ce, pour réduire le flux enregistré au niveau des UMC déjà existantes, la réhabilitation, l'extension et l'équipement du CHU Tlemcen, la réalisation d'un centre de transfusion sanguine, la création d'un centre intermédiaire de soins pour toxicomanes, ainsi que la réalisation de polycliniques, d'une vingtaine de centres de santé et l'équipement de cinq hôpitaux pour un montant de 1,5 milliard de dinars.On peut dire que le secteur de la santé a connu dans la région une profonde restructuration, et les politiques publiques de santé se sont ainsi multipliées poursuivant divers objectifs notamment la modernisation et la prévention, ce qui permet de développer de nouvelles modalités. La wilaya de Tlemcen s'étend sur plus de 9 050 km2, avec plusieurs zones reculées et au relief accidenté, qu'en est-il de la santé de proximité ? Comptant de nombreux territoires ruraux, la wilaya de Tlemcen se trouve directement concernée par le débat sur l'offre de la santé de proximité au niveau de ces contrées. Pour atteindre l'objectif, on travaille actuellement avec tous les acteurs de la santé afin de mener une politique volontariste. L'objectif, qui est aussi clair que légitime, est une offre de santé au niveau de ces lieux, notamment pour les transhumants puisque la wilaya compte des zones de transhumance. Vous avez parlé de projets inscrits au programme de consolidation de la croissance économique 2010-2014, de quels projets s'agit-il ? Ce sont les perspectives de 2011. Il s'agit du complément au profit du centre anticancéreux de Tlemcen qui sera opérationnel cette année, de l'acquisition des équipements médicaux au profit des hôpitaux pour un montant de 10 millions de dinars, ainsi que la dotation en équipements médicaux des Etablissements publics de santé de proximité (EPSP) à travers la wilaya pour une enveloppe de 10,5 millions de dinars, en plus de l'étude d'adaptation et la réalisation d'un siège de la direction de la santé pour un montant de 60 millions de dinars.Concernant les nouveaux projets, il y a lieu de souligner que, cette année, il sera procédé au lancement de nombreux chantiers de réalisation d'édifices, dont cinq polycliniques, deux centres de santé et le suivi de la réalisation d'un hôpital à Remchi d'une capacité de 120 lits. Peut-on avoir les grandes lignes de la politique que vous avez engagée cette année pour réduire le taux de mortalité infantile ? En premier lieu, nous avons opté pour l'amélioration des conditions d'accouchement et le dépistage au niveau des centres de références des femmes aux grossesses à risque (HTA, diabète, etc.). Dans ce sillage, le complexe mère-enfant est né pour faire face aux problèmes de la mortalité maternelle et de la mortalité néonatale qui sont complexes. Au sein de cette infrastructure, on assure un accouchement sans risques et dans de bonnes conditions d'hygiène. Tout le personnel assistant à l'accouchement dispose des connaissances, des compétences et du matériel nécessaires lui permettant d'assurer des accouchements dans de bonnes conditions, et de dispenser les soins appropriés à la mère et au nouveau-né. Le personnel dispense également des soins obstétricaux essentiels et s'assure que toute femme ayant besoin de soins essentiels lors d'une grossesse à haut risque ou de complications en bénéficie. Ce complexe mère-enfant s'inscrit dans le cadre de l'initiative élargie pour la maternité sans risque, puisque le programme du ministère vise à réduire au maximum l'ampleur et la nature de la mortalité maternelle et infantile. La maternité sans risque joue un rôle capital pour garantir une bonne santé et donc réduire le taux encore élevé de mortalité et de morbidité infantiles. Une meilleure santé maternelle et infantile est maintenant considérée comme une condition fondamentale pour affermir la santé familiale et l'essor social et économique. D'autres objectifs ? Oui, bien sûr, en plus de la diminution du taux de mortalité maternelle et périnatale, on travaille à la réduction de la mortalité des femmes liée au cancer du col de l'utérus avec la création de deux unités de cytopathologie au niveau de Tlemcen et Maghnia, la préservation, l'amélioration de l'état nutritionnel des populations à risque, notamment les enfants de 0-35 mois et les femmes enceintes et allaitantes, et ce, avec la surveillance de la croissance de l'enfant ainsi que l'éradication du rachitisme et de la poliomyélite avec les campagnes de rattrapage de vaccination, la réduction de la morbidité par la rougeole, etc. En plus, bien sûr, de la prévention, notamment la prise en charge des pathologies de l'enfant scolarisé. Un mot sur l'avenir de la santé à Tlemcen en guise de conclusion... Tout ce que je peux dire, c'est qu'avec suffisamment de leadership, de volonté et de ressources, la population, partout à Tlemcen, pourra bénéficier d'un bon système de santé publique. Les systèmes de santé publique des diverses régions possèdent chacun leurs points forts sur lesquels l'évolution nécessaire du système pourra miser. Mais cela n'empêche pas de dire que d'autres mécanismes d'élaboration doivent être examinés de près. S'il existe un système de santé publique, c'est pour protéger et améliorer la santé de l'ensemble des citoyens. De grands progrès ont été réalisés, mais il reste beaucoup à faire. Donc, c'est le moment d'édifier, de façon stratégique et explicite, une infrastructure du système de santé publique qui soit solide et qui serve adéquatement toutes les populations sans exception et je pense que les réformes apportées par le ministère seront bénéfiques pour le pays.