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Les évidences ultralibérales de la «démocratie»
Militants démocrates et syndicalistes deviennent les chantres du libéralisme
Publié dans La Tribune le 27 - 01 - 2011


Photo : Riad
Par Mohamed Bouhamidi
La révolte algérienne du sucre continue de mobiliser l'attention des journalistes, experts et universitaires. La quête du sens réel de ces événements se mêle depuis leur début à un discours sur leur déficit de sens. Très vite, éditoriaux, analyses de fond ou tableaux synthétiques les ont traités comme un moment de colère. Rappelez-vous le regret manifeste d'avoir à traiter d'une violence pure sans parole ni mot d'ordre, sans direction et finalement sans sens historique ou politique. Nous avons une sorte de constat que le travail a été mal fait et que vite «les couches moyennes, la société civile et les partis politiques» devaient leur donner une suite, les prolonger. La plupart des critiques de ce spontanéisme sans lendemain avaient dénoncé les atteintes aux établissements privés. Il semble bien que ces atteintes aux magasins et aux véhicules privés ont constitué une ligne rouge, une fracture entre les bonnes émeutes qui s'en prennent aux symboles et biens de l'Etat et les mauvaises qui détruisent sans distinction ni discrimination. Quel aveu des désirs politiques à peine cachés de nos analystes ! La leçon de morale était en réalité une leçon de bonne politique : l'ennemi, c'est l'Etat. Le reproche, ici, a pour fonction manifeste de refouler le casseur chez le manifestant, d'étouffer son cri et de l'empêcher de devenir parole : et si, effectivement, les émeutiers avaient voulu casser un monde qui les encercle de son opulence ostentatoire et leur reste étranger ? Que faire de ces vitrines qui leur renvoient l'image de leur impuissance sociale, qui les renvoient dans un monde d'impuissance sociale d'autant plus insupportable qu'elles leur furent promises par tous les discours du libéralisme. Pour prolonger les émeutes de la révolte dans un projet politique, il ne faut surtout pas discuter son contenu économique car il apparaît évident que les pôles médiatiquement dominants dans l'opposition comme dans le pouvoir ne discutent pas du bien-fondé des orientations libérales en œuvre dans le pays depuis l'ajustement structurel des années 1990 et qui nous ont menés à affaiblir dangereusement l'Etat national. Nous ne voyons de développement économique et d'améliorations structurelles que dans les pays où des forces
nationales - bourgeoisies ou mouvements populaires - ont imposé le retour de l'Etat dans la défense de l'économie nationale et de son développement. Nous ne voyons aucune amélioration des niveaux de vie en dehors de ces Etats qui ont réhabilité la notion d'économie autocentrée, sur la base de leurs amères expériences ou sur la base de leurs dynamiques de libération. Les Algériens âgés de plus de quarante ans peuvent mesurer combien la liquidation de l'Onaco et des grandes surfaces publiques a livré l'Etat pieds et poings liés à une caste du commerce informel et aux oligarques du container. L'image la plus frappante, la plus juste reste que, petit pas par petit pas, petite touche insensible par petite touche insensible mais irréversible à l'intérieur de l'option libérale, les réformes ont désarmé l'Algérie après avoir désarmé l'Etat algérien. Chômage, pauvreté, marginalisation de la jeunesse poussée à la zetla ou à la harga, les élites qu'on jette dans l'exil, tout cela a un nom : c'est la politique de casse systématique de l'outil économique national. A ceux qui crient à la paranoïa quand les patriotes de tous les pays soulignent cette planification de l'irréversible, rappelons que le FMI paye des experts - joueurs d'échecs madrés, eux-mêmes armés par d'autres maîtres ès flatteries ou bâton selon les besoins - qui planchent pendant des décennies sur les mises en conformité des pays assujettis aux plans d'ajustement structurel sur des années, et en suivant fidèlement la même ligne de conduite, les mêmes orientations et avec la même grille qui leur permet de mesurer «l'avance» de nos pays vers leurs politiques. A commencer par cette anomalie - et c'est une anomalie - des missions d'experts pour jauger nos
économies du tiers-monde, s'octroyant ainsi une souveraineté sur nos pays alors même que cette souveraineté ne devrait appartenir qu'à notre peuple en vertu de la démocratie qu'ils nous chantent. Que peut signifier cette démocratie si, dans le dos des électeurs, des «experts» viennent donner les bons et les mauvais points, orienter le pays vers les politiques qui leur semblent bonnes ? Et de ce point de vue, nulle différence entre les pays du Maghreb, au moment où les médias supputent sur l'effet de contagion de la révolte que les forces et couches populaires tunisiennes essayent de transformer en révolution, en la soustrayant aux interventions aujourd'hui ouvertes des Etats-Unis et de la France. Le point commun entre nos pays maghrébins - et ceux des autres contrées du monde aussi - frappe n'importe quel observateur honnête : le libéralisme qu'on nous impose s'accompagne à la fois de la dictature et de la misère pour le peuple, y compris pour la jeunesse bardée de diplômes universitaires. De la misère, encore plus de misère pour les peuples ! Des écarts toujours plus grands entre pauvres et riches ! Toujours moins d'Etat et moins de protection pour les ressources naturelles, ne seraient-elles que le soleil et les plages comme en Tunisie à côté des mines et de la répression sauvage qui a frappé Gafsa l'année dernière et que nul ne pouvait ignorer par sa longueur et son retentissement. Nous sommes en train de vivre, quarante ans après, l'enfer dans lequel la bourgeoisie compradore latino-américaine a plongé le sous-continent sud–américain. Car ces orientations entraînent l'abandon d'ambitions nationales industrielles. Ce n'est pas par plaisir que la bourgeoisie brésilienne a conclu une alliance avec les secteurs populaires, paysans et ouvriers, capables de mener, de gérer et de gagner la confrontation avec l'impérialisme américain. Car, dans ces orientations compradores, toutes les couches sociales sont perdantes, bourgeoisie comprise. Seule la bourgeoisie compradore en sort gagnante avec autour d'elle une faune de diplômés avides de devenir les «experts» zélés des multinationales et qu'on peut à l'image de la bourgeoisie qualifier de «matière grise compradore», de cerveaux qui ont entièrement attaché leurs intérêts et leur destin aux puissances étrangères. Songez aussi qu'ils y gagnent l'illusion des aliénés de se sortir, par là, de l'indigénat et d'accéder à un statut supérieur à leurs congénères bicots-nègres. Les puissances européennes savent, bien sûr, tout cela. Rien de l'âme des domestiques n'échappe à leurs maîtres et ils leur offrent toute l'année des étrennes comme les réceptions ou les visas, un chouïa de plus longue durée, une attention polie à leurs rapports d'expertise dont ils n'ont rien à faire mais qui sont quand même prévus dans leurs «aides» à la mise à niveau et autres balivernes et qui ne servent qu'à budgétiser l'argent nécessaire à la corruption généralisée et légalisée des élites. Car, enfin, ce système de domination par les dynamiques compradores est l'ennemi de tout le peuple et, pour le maintenir, il lui faut constamment acheter les consciences et favoriser la perte de repère et de morale au niveau de l'Etat. La compradorisation est globale. Elle atteint tout le corps social, des instances économiques aux instances idéologiques, et la compradorisation génère sa propre énergie. Elle devient dynamique ; la corruption engendre la corruption, l'arbitraire engendre l'arbitraire jusqu'à la nausée. Jusqu'à ce que la dictature se mette à fonctionner pour elle-même comme une activité autonome sans plus de raison de réprimer que l'habitude de réprimer comme avec des Somoza. Ou avec les Ben Ali ou encore avec d'autres. Jusqu'à ce que deviennent insensées les raisons économiques, sociales et politiques qui ont amené l'ordre de la dictature nécessaire aux compradores. Les Etats-Unis qui se baladent bâton en main pour démocratiser la planète se sont toujours appuyés sur ces dictatures. Ils continuent de le faire avec les dictatures arabes qui leur obéissent, y compris Ben Ali dont ils n'ignoraient aucune des frasques. Curieusement, la chute de Ben Ali a donné des ailes à nos démocrates locaux. Et a donné une consistance inattendue à leur désir de trouver une suite à la révolte des jeunes. La Tunisie est l'occasion de ce qu'ils espéraient : les ONG et les couches moyennes pourraient embrayer sur une révolte populaire pour en tirer les fruits en imposant un changement de personnel politique sans changer les orientations qui ont fait sombrer la jeunesse et le peuple tunisiens dans le désespoir et la misère. Une fois de plus, ils mettent un soin appliqué à taire ce qui est à l'origine de la révolte tunisienne, sa cause profonde, la politique libérale félicitée par le DG du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Bien au contraire, éditorialistes et analystes s'empressent de nous expliquer dans une ferveur religieuse que la crise, chez nous, est survenue à cause des mesures de correction de la loi de finances complémentaire de 2009. C'est d'ailleurs depuis cette loi que datent les alertes à un retour de l'étatisme et du socialisme et une sorte de synergie des protestations étrangères et d'une grogne algérienne. Il faut être stupide pour ne pas voir la similitude des reproches des institutions internationales et de ceux de nos nationaux : il y a erreur de gouvernance. Il faut changer les gouvernants. Pour quoi faire ? Pour appliquer le libéralisme comme il se doit d'être appliqué. Le mal n'est pas dans la religion, il est dans les religieux. Cela ne choque personne qu'opposition et pouvoir partagent les mêmes credo du libéralisme. Mais ces couches sociales engendrées par trente années de réformes et d'intense travail idéologique piaffent d'impatience de prendre le relais, avides de cueillir les fruits d'un travail de longue haleine. Pour se saisir de la rente pétrolière, il lui faut aller dans le sens voulu par la mondialisation : accepter la gouvernance mondiale que vient d'annoncer Sarkozy dans son discours sur les buts de sa présidence du G20 et que le Club de Bilderberg prépare depuis longtemps. La solution
ultralibérale à la crise engendrée par le libéralisme a des chances de fonctionner et de bien fonctionner. L'exaspération engendrée par ce même libéralisme est telle que beaucoup de jeunes, voire des militants et des syndicalistes, sont désormais prêts à accepter toutes les solutions, pourvu que les figures attachées depuis si longtemps à cette politique disparaissent. Le pôle libéral devient alors pour eux séduisant, à en oublier qu'il existe aussi une solution progressiste et populaire, sinon socialiste à la crise. Une solution anti-impérialiste. C'est une autre forme de suicide politique que de se ranger derrière ce pôle libéral. Ce à quoi nous invitent les sirènes qui créent cette atmosphère de communion pour un putsch ultralibéral.


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