Synthèse de Amar Rafa «Personnellement, je n'ai pas vu dans ces évènements une manipulation directe et profonde. J'ai relevé une spontanéité liée aux problèmes que rencontrent les Algériens, de manière générale, et les jeunes, en particulier». Cette déclaration a été faite hier par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia.Dans son analyse des dernières émeutes qu'a connues le pays, le ministre de l'Intérieur a, lors d'un entretien accordé à notre confrère Liberté, fait état d'un «malaise profond», qui touche toute la société, dû au cumul de «revendications à caractère plus social et matériel que politique», Cependant, il a ajouté : «Ce qui relève de la faiblesse de la communication, face à un discours négationniste», avant d'estimer que «des milieux, y compris une partie de la presse, ne mettent l'accent que sur ce qui est négatif dans l'action du gouvernement» et que «certains ont tendance à nier les progrès et les actions positives en faveur de la population». Face à cette situation, «l'Etat fait et doit faire un effort supplémentaire. Il doit mieux apprécier les aspirations des citoyens, les attentes des jeunes», a indiqué M. Ould Kablia, avant d'ajouter que l'Etat doit les satisfaire «graduellement». Ce faisant, «nous examinons en ce moment prioritairement d'autres opportunités dans les domaines du logement et de l'emploi», a précisé le ministre.Interrogé sur le risque de contagion par rapport çà ce qui se passe en Egypte et en Tunisie, Ould Kablia a estimé qu'«en Algérie nous n'avons pas ressenti de revendications politiques». De plus, «l'Algérie a ses propres caractéristiques. Il y a des possibilités d'évacuation de la colère, des cadres d'expression permettant aux gens qui ne sont pas d'accord de faire entendre leur voix, une liberté d'expression qui est beaucoup plus large dans notre pays qu'ailleurs», a-t-il ajouté, avant d'expliquer plus loin que «le rapprochement avec d'autres contextes n'est pas justifié».Ayant accusé les organisations et partis politiques qui ont pris le relais des revendications citoyennes de faire de l'«exploitation la tentative de récupération d'un événement», le ministre de l'Intérieur estime que la marche du RCD a échoué, en en voulant pour preuve que «le président du RCD dit lui-même qu'il a échoué». Quant aux revendications exprimées, il a indiqué que l'état d'urgence «est une question qui relève des prérogatives du gouvernement et non du ministre de l'Intérieur», en ajoutant que «le gouvernement aura peut-être à examiner ce dossier pour voir si le fait qu'il est toujours en vigueur peut apparaître positif ou si l'on peut s'en passer». En prévision de la marche à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, le ministre a rappelé l'interdiction des marches à Alger, affirmant à propos des revendications de l'opposition que «ses membres cherchent des opportunités de s'exprimer différemment avec des objectifs de médiatisation vers l'extérieur du pays». A la question de savoir pourquoi le chef de l'Etat ne s'est pas adressé au peuple lors des émeutes, le ministre de l'Intérieur a indiqué : «C'est que le Président a donné des instructions et des orientations aux responsables en charge de ces problèmes […]. Donc sa position était connue. Il n'était pas absent». «Je vous confirme que Monsieur le président de la République suit la situation du pays et l'action du gouvernement au quotidien et qu'il fait part à tout moment de ses instructions, de ses observations ou de ses critiques», a déclaré, en outre, M. Ould Kablia.