L'association d'aide aux personnes atteintes de cancer Nour Doha dénonce une nouvelle pénurie de médicaments anticancéreux. Il s'agit notamment du Purinéthol, du Méthotrexate, du Mesna, du Mabthéra et de l'Herceptin. C'est un cri d'alarme qu'a lancé Mme Samia Gasmi, présidente de Nour Doha. «Ce sont des médicaments vitaux qui doivent être donnés aux malades sinon ils rechutent», a mis en grade Mme Gasmi, évoquant le cas du Purinéthol indiqué dans les leucémies. Il y a des enfants leucémiques qui périssent faute de ce traitement, a-t-elle alerté, indiquant que «ce médicament est actuellement introuvable». Selon l'association, «il y a un manque des médicaments Purinéthol, Méthotrexate et Mesna au CPMC et au service onco-pédiatrie du CHU de Beni Messous (Alger) alors qu'Herceptin et Mabthera sont introuvables dans l'ouest du pays».Dans le bureau de l'association, sis à Belouizdad, Mme Gasmi s'attelle à répondre aux nombreuses doléances des malades démunis qui la sollicitent. Impossible de satisfaire tout le monde. Sur place, la parente d'un enfant leucémique montre, désespérée, une ordonnance sur laquelle sont prescrits des traitements de fond qui manquent atrocement. «Des cas pareils, il y en a quotidiennement», nous dit notre interlocutrice. Elle vient tout juste de rentrer de Souk Ahras, où elle a tenu un congrès scientifique (2 et 3 février) sur le cancer du sein, en présence d'une équipe de médecins et d'oncologues bénévoles de l'association. Nour Doha a distribué dans ce cadre, au profit de l'association Chifa de Souk Ahras, une vingtaine de prothèses mammaires externes, (en tout 1 000 prothèses mammaires ont été distribuées à travers le pays par l'association Nour Doha). A Souh Ahras, «Chifa» tente, tant bien que mal d'aider les malades démunis, mais elle ne peut pas faire face, à elle seule, au nombre de plus en plus grandissant de patients, d'autant que cette wilaya est dépourvue du minimum en matière de prise en charge des personnes atteintes de cancer et n'a même pas de médecins spécialistes, explique Mme Gasmi. Pour la radiothérapie, décrocher un rendez-vous relève de l'exploit. La présidente de Nour Doha réclame la création d'une annexe d'oncologie à Souk Ahras car la situation y est catastrophique. «Il n'y a ni mammographes, ni spécialistes […] c'est une région oubliée par les autorités sanitaires du pays ; les femmes de Souk Ahras n'ont jamais entendu parler de l'opération de dépistage du cancer du sein lancée par la Cnas», souligne-t-elle. «En fait, c'est toute la prise en charge des malades cancéreux qui est aujourd'hui décriée», déplore notre interlocutrice. «Le problème de l'accès à la radiothérapie à Alger et dans le reste du pays n'a toujours pas été résolu, en dépit des promesses du ministre de la Santé. Même constat pour ce qui est de la pénurie de traitements de fond.» Nour Doha prépare dans les prochains jours une large campagne de consultation et de diagnostic dans l'extrême sud du pays, à laquelle prennent part quelque 25 médecins bénévoles de l'association, qui est depuis octobre 2010 membre fondateur de la Ligue franco-méditerranéenne et africaine de lutte contre le cancer. A. B.